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BASILE

comme il visait à devenir lui-même professeur d’éloquence, il se rendit d’abord à Constantinople, et bientôt à Athènes, où il semble avoir fait un assez long séjour, de 354 à 359 environ. Il put y entrevoir Julien ; et il s’y lia d’une amitié étroite avec Grégoire de Nazianze, un peu plus âgé que lui, qu’il avait déjà connu à Césarée. Fréquentant les mêmes écoles, ils entendirent Himérios, dont la gloire commençait, et Libanios, avec lequel Basile resta lié dans la suite, comme l’atteste leur correspondance. De retour en son pays, il semble y avoir débuté en qualité de professeur d’éloquence. Mais, presque aussitôt, et malgré ses succès, il se dégouta de cette science apparente qui lui semblait folie : son âme, ardente et sérieuse, avait besoin de se donner à Dieu.

Pour s’y mieux préparer, à peine baptisé par l’évêque Dianos de Césarée, il va visiter la Syrie et l’Égypte, où florissait la vie monastique sous ses diverses formes. Mais, en homme d’initiative et d’autorité, non content de regarder, il se fait un plan à lui, qu’il va mettre aussitôt en application. Dès son retour, il commence à organiser, dans le Pont, des communautés religieuses, auxquelles il donne l’exemple et la règle. Ce sera l’une des œuvres principales de sa vie. La vie monastique répondait à un des besoins du temps : elle allait prospérer, grâce à son impulsion, en Asie Mineure, comme elle avait fait déjà en Égypte et en Syrie, mais sous une autre forme. Ordonné prêtre en 364 par Eusèbe, évêque de Césarée, il s’établit auprès de lui, et malgré les dissentiments violents qui les séparent un instant, Basile lui impose l’influence de sa supériorité. Pendant six ans, il est son conseiller, et gouverne sous son nom[1]. D’une

  1. Grég. de Naz., Éloge fun. de S. Basile : « Il était tout pour lui, un bon conseiller, un auxiliaire habile, un exégète des saintes Écritures, l’interprète de ses devoirs, le bâton de sa vieillesse,