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CHAP. VII. — L’ORIENT GREC AU IVe SIÈCLE

Athanase, en somme, quelque grande place qu’il tienne dans l’histoire littéraire du ive siècle, est plus intéressant encore par son rôle actif que par son talent d’orateur ou d’écrivain. Il incarne mieux que personne les idées et les passions de son temps. Et ce qu’il faudrait chercher surtout dans ses œuvres pour leur conserver tout leur intérêt, ce serait l’image des luttes et des intrigues au milieu desquelles il a vécu. À le considérer exclusivement au point de vue de la critique littéraire, on se condamne à le diminuer, même en l’admirant.

IX

À côté d’Athanase et de ses adversaires, le grand mouvement de controverses dogmatiques du ive siècle a suscité bien d’autres écrivains, qui ne peuvent figurer ici qu’incidemment.

Apollinaire, évêque de Laodicée en Syrie[1], mort vers 390, un des écrivains ecclésiastiques les plus influents et les plus féconds de ce siècle, et lui aussi un des adversaires de l’arianisme, est surtout célèbre comme le chef de l’hérésie apollinariste, qui fut condamnée par le Concile de Constantinople en 381. Plusieurs écrits théologiques, longtemps dissimulés sous de faux noms, lui ont été de nos jours restitués[2]. Son plus important ouvrage de polémique était une Réfutation de Porphyre en trente livres, aujourd’hui perdus. En outre, il fut, avec son père, Apollinaire l’ancien, l’auteur d’une bien curieuse tentative de poésie chrétienne. Ce fut peut-être l’édit de Julien interdisant en 362 aux mai-

  1. S. Jérôme, De viris illustr., 104, Bardenhewer, § 43. art. Apollinarios, dans Pauly-Vissowa.
  2. Apollinarii Laodiceni quæ supersunt dogmatica (dans les Texte und Untersuch. de O. v. Gebhart et A. Hurnack, t. VII, 3, 4, 1892).