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L’HISTOIRE : EUNAPE ET OLYMPIODORE

étudia la rhétorique à Athènes dans l’école de Prohærésios. Puis, en 366, il revint l’enseigner à son tour dans sa ville natale. Le reste de sa vie nous est inconnu, mais nous savons qu’elle se prolongea jusqu’au delà de 414.

Son principal ouvrage était une histoire contemporaine, destinée à faire suite à celle de Dexippos[1]. Elle commençait à la mort de Claude II en 270, et l’auteur put la continuer jusqu’à l’année 404. Cette période de cent trente-quatre ans était répartie en quatorze livres. Mais le premier embrassait à lui seul quatre-vingt-cinq ans, jusqu’à l’avènement de Julien : ce n’était donc en réalité qu’une introduction ; le récit détaillé commençait avec le règne de ce prince, auquel cinq livres entiers étaient consacrés. Écrire l’éloge de Julien, voilà ce qu’Eunape s’était proposé surtout[2]. Les fragments qui restent de son œuvre n’en donnent qu’une idée très incomplète[3]. Mais on ne peut douter qu’elle ne manifestât une tendance de parti très prononcée. Païen militant, Eunape jugeait les hommes et les choses au point de vue d’une croyance passionnée[4]. Sa rhétorique ampoulée faisait ressortir la médiocrité naturelle de son esprit. La substance de ses récits a passé dans ceux de Zosime, qui n’a fait souvent que les abréger[5].

  1. Photius, cod. 77. Fragments dans C. Müller, Fragm. Hist. gr., IV, et dans Dindorf, Hist. Gr. min., I, p. 205.
  2. Photius, pass. cité : Τὸ τῆς ἱστορίας αὐτῷ εἰς τὸ ἐϰείνου ἐγϰώμιον συντεθὲν ἐξεπονήθη. Quand Eunape arrivait au récit de ses actions (Début du liv. II), il disait : φέρεται δὲ ἐντεῦθεν ὁ λόγος ἐφ’ ὅνπερ ἐφέρετο ἐξ ἀρχῆς, ϰαὶ ἀναγϰάζει γε ἐν τοῖς ἕργοις ἐνδιατρίϐειν ὡσπερ τι πρὸς αὐτὸν ἐρωτιϰὸν πεπονθότας.
  3. C. Müller, Fragm. Hist. gr., IV, p. 11-56. Dindorf, Hist. Gr. min., t. I.
  4. Sur beaucoup de points, Eunape avait pu d’ailleurs être bien informé ; il avait mis à profit les commentaires de Julien lui-même et les notes d’Oribasios, le médecin et ami de l’empereur (fr. 8 et 9) ; il avait souvent le mérite de dire ce que les historiens chrétiens ont omis par un esprit de parti contraire au sien.
  5. L’histoire d’Eunape paraît avoir été soumise plus tard à une