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DISCIPLES D’ÉPICURE

Rappelons encore Colotès de Lampsaque, dont un écrit sur le bonheur fut réfuté, quatre siècles plus tard, par Plutarque. C’est son meilleur titre de gloire aux yeux de la postérité[1].

Diogène Laërce nous a également conservé les noms de Polyænos, de Leonteus, d’Hérodote (à qui Épicure écrivit une de ses Lettres), de Timocrate de Lampsaque, d’Ariston, d’Idoménée, de quelques autres encore, qu’on trouve cités parfois chez les anciens. Ce ne sont guère pour nous que des noms, mais qui ont eu de la célébrité, et qui nous montrent le rapide éclat jeté par l’école épicurienne, destinée d’autre part à durer tant de siècles.

VI

Les affirmations tranchantes et souvent contradictoires de tant d’écoles hardiment dogmatiques devaient susciter une réaction sceptique. Elle se produisit au moment même ou le stoïcisme et l’épicurisme reculaient, pour ainsi dire, les limites du dogmatisme. Elle eut pour auteur Pyrrhon d’Élis[2].

Pyrrhon, né vers 360, mort vers 270, fut d’abord peintre. Il se tourna ensuite vers la philosophie de Démocrite, qui lui fut enseignée par Anaxarque. Il accompagna celui-ci en Asie, à la suite de l’armée d’Alexandre, puis revint dans sa patrie, on il se mit à enseigner le scepticisme pendant trente ou quarante ans. Il ne laissa aucun écrit. Il n’appartient donc à l’histoire littéraire que par ses disciples. Bornons-nous à caractériser en quelques mots son esprit et la nature de son influence[3].

  1. Cf. Susemihl, p. 403.
  2. Diog. L., IX, 61-108. — Cf. Brochard, Pyrrhon et le scepticisme primitif, dans la Revue philosophique de mai 1885.
  3. Cf. Diog. L., ibid.