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CHAP. VII. — L’ORIENT GREC AU IVe SIÈCLE

sont fréquemment cités dans la littérature du temps. Quelques grandes villes possèdent même des groupes d’écoles, et jouent le rôle de véritables métropoles intellectuelles. Les plus célèbres en ce genre sont Athènes, Constantinople, Nicomédie, Pergame, Antioche, Alexandrie. Vers le milieu du siècle, la plupart d’entre elles sont dans tout leur éclat[1]. Les étudiants y affluent. Groupés dans chacun de ces centres auteur des divers maîtres en renom, ils forment de véritables factions, rivales et turbulentes, qui se disputent les nouveaux venus par la ruse, et au besoin par la force. Ainsi enrôlées, les recrues prêtent serment au professeur qui a su se les approprier ; dès lors, elles lui doivent leurs applaudissements. L’admiration devient affaire de parti, et elle n’en est que plus passionnée. Toute cette jeunesse a réellement foi en la rhétorique, elle croit au génie de ses maîtres, elle s’attache avec passion à ces hommes dont l’enseignement et les exemples semblent ouvrir le chemin de la fortune. Il en est ainsi du moins jusqu’au règne de Julien. Après lui, dans le dernier tiers du siècle, un déclin assez rapide paraît se faire sentir[2].

Les noms des grands rhéteurs de ce temps se lisent dans les Vies des Sophistes d’Eunape, avec un certain nombre de détails sur leur personne et leur talent. Mais, à vrai dire, ni un Julien de Cappadoce, ni un Apsinès, ni un Prohærésios, ni un Épiphanios, ni un Diophante, ni un Akakios[3], ni d’autres illustrations de même ordre,

  1. Sur cette vie scolaire du ive siècle, on lira avec profit l’étude de M. Petit de Julleville, L’École d’Athènes au ive siècle, Paris, 1868. Les principaux témoignages se trouvent dans plusieurs discours de Libanios, notamment le premier, Sur sa fortune, dans sa correspondance et dans celle de Julien, dans les discours d’Himérios et de Thémistios.
  2. Voir les plaintes répétées de Libanios dans ses discours.
  3. Akakios est probablement l’auteur du Pied léger (Ὀκύπους), parodie tragique en vers, qui figure dans les œuvres de Lucien