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PHILOSTRATE LE JEUNE, CALLISTRATE

école[1]. Le principal de ses imitateurs fut son petit-fils[2], Philostrate dit le jeune, qui vécut a la fin du iiie siècle. De son recueil, intitulé également Tableaux (Εἰϰόνες), il ne nous reste qu’un livre, comprenant 17 descriptions, la dernière incomplète. Lui aussi décrit, ou est censé décrire, des tableaux réels[3]. Sa manière rappelle de fort près celle de son modèle, avec moins d’élégance, moins de finesse, moins de vie.

Un autre imitateur de Philostrate de Lemnos fut Callistrate, dont il nous reste treize descriptions de statues (Ἐϰφράσεις). On suppose, sans raison bien probante, que l’auteur a dû vivre au iiie siècle, lui aussi. Ses descriptions sont étrangement hyperboliques et laborieusement contournées. Elles semblent moins exactes encore que celles des Philostrate et plus arrangées en « discours ». Ce sont des variations sur ce thème monotone que la matière s’amollit sous les doigts de l’artiste et semble prendre vie[4].

Entre les sophistes du iiie siècle mentionnés dans les Vies de Philostrate l’Athénien, il n’y en a qu’un dont quelques œuvres nous aient été conservées : c’est Claude

  1. Nous avons un certain nombre de descriptions de Libanios (voir plus loin). Il y en a aussi dans le roman d’Achille Tatios. Bien que le genre ne fût pas propre à Philostrate, l’un et l’autre avaient certainement lu ses descriptions.
  2. Μητροπάτωρ est le titre qu’il donne à son prédécesseur dans la Préface de ses Tableaux.
  3. Il est manifeste, toutefois, qu’en certains passages au moins, il invente ou arrange les choses à sa manière. C’est ainsi que, dans le tableau 10, un des personnages, Néoptolème, est censé porter le bouclier d’Achille ; à ce propos, Philostrate paraphrase la description du 18e chant de l’Iliade, bien que ce bouclier n’ait pu être représenté avec tout ce détail sur un tableau.
  4. On y voit figurer trois bronzes de Praxitèle, savoir : un Éros, (ch. iii), un Dionysos ch. viii), une statue de jeune homme (ch. vi, et une œuvre, également en bronze, de Lysippe, le Génie de l’à-propos (Καιρός, ch. vi).