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IRÉNÉE

moins, le mouvement littéraire qui se produisait alors dans le christianisme, et aussi les espérances que les chrétiens ne cessèrent de fonder sur la justice de Marc-Aurèle[1].

Bien plus importante assurément serait pour nous la collection des œuvres d’Irénée, si elle nous eût été conservée. Irénée est en effet un des docteurs les plus autorisés de l’Église chrétienne dans la seconde moitié du second siècle, et c’était en outre un esprit cultivé par l’hellénisme[2].

Né probablement à Smyrne vers 125 ou 130, il y recueillit dans sa jeunesse la tradition chrétienne tout près de sa source, en écoutant l’évêque Polycarpe (mort en 155) et quelques autres anciens, qui avaient encore connu les disciples des apôtres. Plus tard, au temps de Marc-Aurèle, nous le trouvons à Lyon. Et c’est là qu’il est désormais fixé, d’abord comme simple prêtre, puis, après le martyre de Pothin en 177, comme évêque. Il y vécut, sauf quelques absences, jusqu’au temps de Septime Sévère, sous le règne duquel il subit le martyre en 202.

Plusieurs de ses écrits ont été perdus et ne nous sont plus connus que par leurs titres[3]. Le grand ouvrage auquel son nom demeure attaché, c’est le traité en cinq

  1. Pour plus de détails sur ces divers auteurs, consulter Bardenhewer, Patrologie, 21, et Batiffol, Littér. grecque chrét., p. 89, 92, 99.
  2. Sur Irénée, Photius, cod., 120 ; Eusèbe, Hist. eccl., V, 4 et 24 ; Jérôme, Epist., 75, 3 ; Grég. de Tours, I, 29. Tous les témoignages sur Irénée sont recueillis dans Harnack, Gesch. d. Altch. Liter., t. I, p. 266 et suiv. — Études critiques ou biographiques : Freppel, S. Irénée et l’éloquence chrétienne dans la Gaule pendant les deux premiers siècles, Paris, 1861 et 1886 ; Ziegler, Irenäus der Bischof von Lyon, Berlin, 1871.
  3. Voir Bardenhewer, Patrologie, 24, et Batiffol, p. 205. Lettres conservées en partie, notamment celle qui se rapporte aux souvenirs d’enfance d’Irénée, Eusèbe, Hist. eccl., V, 20. Cette lettre a du charme et une aimable simplicité.