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DIOSCORIDE

À mesure qu’on connaissait mieux le monde, on apprenait aussi à en classer les productions naturelles. Rien n’atteste mieux ce développement de connaissances que l’immense compilation de Pline l’Ancien, dont sept livres entiers (XX-XXVII) sont consacrés à la botanique médicale. Chez les Grecs, il est vrai, nous ne trouvons aucun ouvrage qui embrasse tant de choses à la fois. Mais, pour cette partie au moins de la science, nous avons l’œuvre de Dioscoride, qui a fait loi jusqu’au temps de la Renaissance et même au delà.

Dioscoride était un médecin d’Anazarba en Cilicie[1]. Le temps où il écrivit semble à peu près déterminé par ce fait que Pline, si exact à citer ses sources, ne le nomme pas, tandis qu’il est mentionné dans le lexique hippocratique d’Érotianos qui fut composé vers le commencement du second siècle. Galien le cite fréquemment. On peut donc admettre qu’il dut publier son ouvrage sous Domitien ou sous Nerva[2]. Cet ouvrage, en cinq livres, sur la matière médicale (Περὶ ὕλης ἰατρικῆς), nous a été conservé dans un grand nombre de manuscrits, qui témoignent de sa vogue au moyen âge[3]. Ce n’est en somme qu’une longue série d’articles confusément groupés. Les descriptions des plantes y sont si insuffisantes qu’il n’a été possible d’en identifier qu’une faible partie (une centaine environ sur six cents). Ce que l’auteur développe, ce sont les vertus médicina-

  1. Suidas, Διοσκορίδης. Notice où Dioscoride est d’ailleurs confondu immédiatement avec un homonyme qui vivait au temps d’Antoine et de Cléopâtre. Cf. Photius, cod. 178, fin, d’après lequel son prénom était Pedanius. C’est celui qu’il porte dans un ms.
  2. Notez aussi que la ville natale de Dioscoride, Anazarba, qui s’était appelée longtemps Diocæsarea, ne reprit son nom que sous Nerva. Pauly-Wissowa, Anazarba.
  3. Nous en avons en outre une analyse dans Photius (cod. 118). L’ouvrage, tel que le lisait Photius, comprenait un 6e livre sur les poisons et contre-poisons, et un 7e sur les animaux venimeux et les remèdes propres à guérir leur morsure.