Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/725

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
707
PTOLÉMÉE

Tout ce que nous savons de sa vie, c’est qu’elle se passa soit à Alexandrie, soit aux environs, qu’il était illustre au temps de Marc-Aurèle, et qu’il fit probablement ses observations dans le temple de Canope[1].

Le plus célèbre de ses ouvrages astronomiques est le Traité complet d’Astronomie (Σύνταξις τῆς ἀστρονομίας) en treize livres. Ce traité, qui condensait toute la science astronomique d’alors sous une forme relativement simple et claire, quoique prolixe, devint en peu de temps le livre classique sur la matière. Commenté au ive siècle par Théon et Pappos, qualifié de grand et de très grand (μεγάλη, μεγίστη), il fut traduit en arabe au ixe siècle et passa ainsi en Occident sous le titre d’Almageste (Tabrir al magesthi). Il est resté jusqu’à Copernic l’oracle de l’astronomie. En réalité, ce qu’il contenait de meilleur, c’est ce que Ptolémée avait pris à Hipparque. Lui-même, il est vrai, avait largement complété les enseignements du grand astronome, et, en suivant ses méthodes, il se montrait calculateur hardi et ingénieux ; mais il semble qu’il ait peu ou médiocrement observé, et la nature de ses erreurs donne à penser qu’il n’a pas eu autant qu’on le voudrait la conscience qui caractérise le vrai savant[2].

À côté de ce grand ouvrage, il suffit de nommer d’autres écrits secondaires : les Tables Manuelles (Πρόχειροι κανόνες), édition abrégée des tables astronomiques qui figuraient dans le Traité ; le Canon des Rois (Κανὼν βασιλέων),

  1. Suidas : Πτολεμαῖος ὁ Κλαύδιος.
  2. Voir, dans la Biographie universelle de Michaud, l’article de Delambre (t. 36, p. 263 suiv.), où sont cités les jugements sévères et motivés de Halley, de Lemonnier et de Lalande. Peut-être ne tiennent-ils pas assez de compte de ce fait que Ptolémée a un goût de simplicité et d’exactitude apparente qui se satisfait quelquefois aux dépens de l’exactitude réelle. C’est un de ces esprits qui corrigent les choses pour les mettre d’accord avec la théorie. Cela n’implique pas toujours légèreté ni mauvaise foi.