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ARRIEN : SES ÉCRITS

Un écrit très spécial, l’opuscule sur la Chasse (Κυνηγετικός), est venu jusqu’à nous. Nous en ignorons absolument la date[1]. Arrien s’y propose de compléter le traité de Xénophon sur le même sujet. Au milieu de détails purement techniques, on y trouve quelques descriptions, quelques souvenirs personnels, et même des traits de caractère, qui ne manquent ni d’intérêt ni d’agrément[2]. — Enfin nous savons par Lucien (Alexandre, c. 2) qu’il avait écrit aussi une Vie du brigand Tilliboros, personnage entièrement inconnu.

C’est sur son Expédition d’Alexandre que nous devons aujourd’hui le juger, comme historien et comme écrivain. Le choix du sujet en lui-même est déjà caractéristique. Si Arrien eût été doué d’un génie vraiment original, il n’eût pas été tenté sans doute par cette histoire très ancienne, d’autant qu’il n’avait à sa disposition aucun document nouveau qui lui permît de la rajeunir. Mais ce qui aurait éloigné un esprit plus curieux de nouveauté fut peut-être justement ce qui l’attira. Dénué du goût de la recherche, il aimait à juger, à classer et à simplifier. Or, pour traiter ce sujet, il disposait de plusieurs récits bien informés et complets, sans parler de ceux où l’élément fantastique prédominait. Sa tâche était de les critiquer les uns par les autres, de les concilier autant que possible, enfin de les fondre en un nouveau récit, qui deviendrait ainsi le plus vraisemblable de tous en même temps que le plus clair. C’était bien l’affaire de son esprit judicieux et lucide. Ajoutons que le côté militaire du sujet, qui était à ses yeux le principal, dut plaire à l’ancien général qui survivait en lui chez l’écrivain. D’autant plus que la récente expédition de Trajan en Asie, dont il avait pu recueillir les souvenirs

  1. On voit seulement, par le c. 1, que l’auteur était alors fixé à Athènes, ou du moins se considérait comme Athénien.
  2. Voir notamment le c. 26, où Arrien atteste sa dévotion.