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LE STOÏCISME

Arrivons enfin aux grands créateurs de doctrines, à Zénon et à Épicure.

IV

Le stoïcisme, fondé par Zénon, a été organisé et complété par Cléanthe, par Ariston de Chios, surtout par Chrysippe. Ces créateurs du stoïcisme ont chacun leur physionomie originale et leur rôle personnel dans l’achèvement de la doctrine. Mais ils ont aussi certains traits communs qui frappent d’abord l’observateur. Aucun d’eux n’est Athénien de naissance. Ce sont des Grecs du dehors, de condition modeste en général. L’art les touche peu, et encore moins le respect des opinions traditionnelles. Ils portent dans leur vie un grand sérieux et une indépendance qui ne s’effraie d’aucune opposition ni d’aucune raillerie. Ils affectent un langage bref cet sentencieux. Ils ne craignent pas le paradoxe. Ils raisonnent avec intrépidité et ils conforment leurs mœurs à leurs raisonnements. Ils rompent en visière ouvertement aux préjugés de la multitude, ce qui ne les empêche pas, d’ailleurs, de rester foncièrement grecs par une foule d’idées particulières et par cet amour même de la dialectique dont ils s’enivrent jusqu’aux paradoxes les plus audacieux et les plus tranchants.


Zénon naquit, vers 336, à Kition, colonie phénicienne de l’île de Chypre[1]. Kition était depuis longtemps hellénisée, mais la race y était sans doute assez mêlée et Zénon lui-même paraît avoir eu quelques attaches avec les anciens colons du pays[2].

  1. Notice dans Diogène Laërce, VII, 1-160. — Cf. Susemihl, Griech. Lit. d. Alex., I, p.  48-58.
  2. Diog. L., VII, 3 ; 6 ; 15 : etc.