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CHAP. IV. — SOPHISTIQUE SOUS LES ANTONINS

que objet, les termes divers par lesquels on peut ou le designer, ou le qualifier, ou énoncer les idées qui s’y rapportent. L’Onomasticon, divisé en dix livres, passe donc en revue successivement toutes les choses principales dont on peut avoir occasion de parler dans un discours : et, pour chacune d’elles, il donne des listes de noms, qu’il distingue quelquefois les uns des autres en précisant leur signification, des listes d’adjectifs et de locutions, dont il marque l’emploi[1]. En outre, quand il reste de la place à l’auteur à la fin d’un livre, il ajoute des listes de synonymes. Véritable encyclopédie par conséquent, assez mal ordonnée, et réduite souvent à n’être qu’une nomenclature, mais qui contient aussi des explications utiles, des citations intéressantes, et précieuse en somme pour la connaissance de l’antiquité[2].

À défaut de chronologie sûre, certains indices nous autorisent à mettre à côté de Pollux un autre lexicographe renommé, Valérius Harpocration, d’Alexandrie, auteur du Lexique des dix orateurs (Λέξεις τῶν δέκα ῥητόρων), si utile à l’intelligence des orateurs attiques[3]. Suidas nous a mis dans un grand embarras en négligeant

  1. Signalons spécialement le livre IV, qui traite de la musique, de la danse, du théâtre etc., le livre IX, où il énumère les monnaies (c. 51 et suivants).
  2. Un manuel de conversation grec-latin, intitulé Ἑρμηνεύματα, a été attribué par Boucherie à J. Pollux (Notices et extraits, t. XXII, p. 329) ; on l’attribuait auparavant à Dosithéos. Krumbacher a démontré que ni l’une ni l’autre de ces attributions n’était justifiée ; l’ouvrage est, selon lui, d’un inconnu du début du iiie siècle (Krumbacher, De codicibus quibus interpretamenta pseudodositheana nobis tradita sunt, Munich, 1883). Il n’est d’ailleurs intéressant que pour l’histoire de la langue.
  3. Suidas, Ἁρποκρατίων ὁ Βαλέριος. On peut se demander si Suidas, en cette circonstance comme en d’autres, n’a pas fait plusieurs personnages distincts d’un seul. Le sophiste Ælius Harpocration et le grammairien Caius Harpocration, qu’il distingue de Valérius Harpocration, se seraient pourtant, d’après lui, tous occupés spécialement des orateurs attiques. Cela est assez étonnant.