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CHAP. IV. — SOPHISTIQUE SOUS LES ANTONINS

naire[1] : il vécut ainsi jusqu’à un âge fort avancé. Ce qui a rendu sa réputation durable, c’est ce qu’il a écrit sur la rhétorique. Suidas affirme que ces écrits furent composés par lui dans sa jeunesse ; mais Suidas s’imaginait qu’Hermogène était tombé de bonne heure dans une sorte de sénilité. Il est bien plus probable que ce fut en voyant diminuer ses succès d’orateur qu’il se décida à devenir théoricien. Ses écrits témoignent d’un ensemble de qualités et de connaissances qu’on ne peut guère attribuer à un tout jeune homme. Rapprochés les uns des autres, ils constituent une sorte de cours de rhétorique. Une première partie comprend les Exercices préparatoires (Προγυμνάσματα), œuvre sans originalité, très semblable à celle de Théon sur le même sujet, mais beaucoup moins personnelle[2]. Vient ensuite le traité Sur la constitution des causes (Περὶ τῶν στάσεων)[3] ; sorte d’introduction à la rhétorique proprement dite, où le maître, conformément aux méthodes traditionnelles de l’école, distingue et définit les diverses catégories de causes, que l’orateur peut avoir à plaider, en les classant d’après la manière dont se pose la question capitale[4]. Puis, le traité Sur l’Invention (Περὶ εὐρέσεως),

  1. Εἶς τῶν πολλῶν νομιζόμενος, dit Philostrate. Cela ne permet guère de croire, comme l’affirme Suidas, qu’Hermogène fût tombé en enfance à 24 ans (περὶ τὰ κδ’ ἕτη ἐξέστη τῶν φρενῶν). Philostrate dit simplement qu’à l’âge d’homme il perdit son aptitude à improviser (ἀφῃρέθη τὴν ἕξιν) ; il continua à faire le métier de sophiste, seulement il le fit avec un succès médiocre ; un de ses rivaux, Antiochus, l’appelait ὁ ἐν παισὶ γέρων, ἐν δὲ γηράσσκουσι παῖς.. Plus tard, une sorte de légende se forma à son sujet : et peut-être ce bon mot, qui n’était qu’une méchanceté, en fut-il l’origine.
  2. Spengel, Rh. gr. t. II, p. 3-18. Walz, t. I, p. 9 sqq. Les Progymmasmata d’Hermogène semblent avoir été le moins estimé de ses ouvrages. Un scoliaste les qualifie d’obscurs (ἀσαφῆ καὶ δύσληπτα), il leur reproche de manquer d’exemples (ἀπαραδειγμάτιστα).
  3. Walz, III, 1 ; Spengel, II, 133.
  4. Sur cette doctrine des στάσεις, et en général sur toute cette rhétorique technique, l’ouvrage à consulter est Volkmann, Die Rhetorik