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LA RHÉTORIQUE

à parler sommairement des quelques formes de la philologie qui en ont été les auxiliaires, à savoir de la grammaire, de la rhétorique et de la lexicographie. Nous serons d’autant plus brefs sur ces sujets qu’ils n’intéressent la littérature qu’indirectement.


Jamais, à coup sûr, la rhétorique n’avait été plus universellement étudiée et cultivée qu’elle ne le fut alors. Mais après les discussions des Apollodoréens et des Théodoréens, elle n’offrait vraiment plus rien de nouveau à dire. Quintilien, à Rome, avait pu encore, au temps de Domitien, composer sur la rhétorique un ouvrage, sinon neuf, du moins intéressant et même personnel, en traçant, avec un réel talent de composition et de style, un tableau complet de l’éducation de l’orateur. Mais cela supposait une largeur de vues dont il ne semble pas qu’aucun des maîtres grecs du temps ait été capable. En tout cas, après Quintilien, ce livre n’était plus à faire. Toute la littérature technique du second siècle est purement et simplement une littérature d’école. Curieuse à consulter en tant que document, elle n’a en elle-même qu’une valeur bien médiocre.

Quelques-uns des livres de classe qu’elle a produits ont eu pourtant de la renommée. — Sous Adrien, le rhéteur Alexandre, fils de Nouménios[1], composa un Traité de Rhétorique, dont il ne nous reste que trois extraits[2], mais dont la substance semble avoir passé dans une Rhétorique anonyme (dite l’Anonyme de Séguier) sur laquelle nous allons revenir. Il y discutait les idées des Apollodoréens et des Théodoréens, avec une tendance marquée vers la manière de voir de ces derniers. L’ouvrage, peu original sans doute, offrait un résumé complet de

  1. Suidas, Ἀλέξανδρος Αἰγαῖος et Νουμήνιος. — Pauly-Wissowa, Alexandros, no 96.
  2. Walz, Rhet. Gr. IX, 331-339 ; Spengel, Rhet. Gr. III, 1, 6.