Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/646

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
628
CHAP. IV. — SOPHISTIQUE SOUS LES ANTONINS

pigrammes, une entre autres adressée au sophiste Antonius Polémon.


Déjà réduite à peu de chose au siècle précédent, la poésie dramatique s’efface et disparaît de plus en plus en celui-ci. Pourtant, on n’avait pas encore cessé tout à fait de jouer les tragédies classiques. Artémidore, vers le milieu du siècle, parle de concours de tragédies qui avaient lieu à Rome, et Philostrate rapporte une anecdote sur l’acteur tragique Clément de Byzance, qui joua la tragédie en 195 aux jeux Amphictyoniques[1]. Les nombreuses allusions de Lucien à l’art tragique prouvent également que la tragédie classique n’avait pas déserté les théâtres. Mais les modèles anciens, comme nous l’avons remarqué dès la fin du ier siècle, ne suscitaient plus d’imitation. Philostrate, il est vrai, cite un certain Isagoras, qu’il appelle « poète de tragédie », et qui fut, vers la fin du siècle, élève du sophiste Chrestos de Byzance. D’autres inconnus, dans le même temps, ont pu cultiver le même genre[2] ; mais il est clair que cette tragédie sophistique consistait seulement en amplifications dialoguées.

XI

Après avoir ainsi passé en revue les diverses productions littéraires qui se rattachent à la sophistique, il nous reste, pour mesurer toute l’étendue de son activité,

  1. Artémidore, Des songes, IV, 53 ; Philostrate, Vies des Soph. I, 27, 3. Cf. II, 46, où il parle de la société des artistes dionysiaques de Rome (Haigh, Tragic drama, p. 456).
  2. Welcker, Griech. Tragoed., p. 1323, semble attribuer aussi des tragédies aux sophistes Nikétès et Scopélianos en se fondant sur Philostrate, I, 21, 5 ; il y a là une erreur ; Philostrate dit simplement que Nikétès et Scopélianos étaient grands lecteurs de tragédies.