L’apologue en vers se rattache à la fois à la poésie qui enseigne et à celle qui raconte. Faisons une place ici, malgré l’incertitude des dates, au fabuliste Babrius, qui est certainement antérieur au iiie siècle, mais qui paraît postérieur au premier[1].
Nous ne savons rien de sa personne ni de sa vie. Son nom paraît un nom latin[2] ; sa langue renferme des latinismes, et sa versification porte des traces de l’accentuation latine[3]. D’autre part, lui-même parle de l’Arabie comme quelqu’un qui l’a vue (Fable 57), et ses fables paraissent s’être répandues en Orient d’abord[4]. On peut donc le considérer avec vraisemblance comme un Romain hellénisant qui a dû séjourner en Orient. De même que son origine, le temps où il vécut ne peut être déterminé qu’approximativement et par conjecture. Babrius est antérieur au iiie siècle, car à partir de ce temps, il est cité assez fréquemment[5] ; mais il doit l’être de peu, car auparavant il n’est mentionné par personne ; il ne l’est même pas par les écrivains les plus familiers avec la littérature ésopique, tels que Plutarque. Ajoutons que tout en lui trahit l’influence de la
- ↑ Suidas, art. Βαβρίας ἢ Βάβριος, ne nous apprend que le titre et le contenu de son livre. Voir l’art. de O. Crusius dans l’encyclop. de Pauly-Wissowa ; on y trouvera toute la bibliographie du sujet.
- ↑ Les Byzantins ont tiré du génitif Βαβρίου les deux formes de nominatif Βαβρίας et Βάβριος. Mais Avianus, au ive ou au ve siècle, le nomme Babrius (Préf. de ses Fables) ; nom latin, qui semble identique à Barbius. D’après le titre conservé dans le Harleianus 3521, le nom complet était Valerius Babrius (dont le ms. de l’Athos a fait Βαλεβρίου pour Βαλερίου Βαβρίου).
- ↑ Crusius, De Babrii ætate, 114 et suiv., 180 et suiv.
- ↑ Voir les témoignages réunis en tête de l’édition de Crusius.
- ↑ Voir les témoignages dans l’édition de Crusius. Le plus ancien est celui du Pseudo-Dosithée, qui, au commencement du iiie siècle, fait figurer deux fables de Babrius dans ses Ἑρμηνεύματα.
plus ; peut-être n’y a-t-il là qu’une confusion avec le poème analogue de Denys de Samos, signalé plus haut (p. 619) comme auteur de diverses compositions didactiques.