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CHAP. III. — RENAISSANCE AU IIe SIÈCLE

La mort de César, celle de Brutus, celle de Caton sont autant de tableaux qui font impression et qu’on n’oublie pes.

Toutes ces qualités ont assuré aux Vies parallèles une popularité légitime. Elles ont charmé, instruit, inspiré des esprits très divers. Les uns y ont cherché et trouvé, comme dans un immense répertoire, mille faits importants ou curieux, la plus riche matière historique. D’autres, tels que notre Montaigne, en ont goûté délicieusement les descriptions morales, les réflexions, le nombre infini des détails caractéristiques ; ils y ont recueilli à foison les éléments dispersés d’une enquête sur l’homme. D’autres enfin, tels que Shakespeare ou Corneille, y ont senti s’agiter des drames qui ne demandaient qu’à être portés sur la scène. Aucun ouvrage n’a été plus lu, plus mis à contribution que celui-là. Les peintres et les sculpteurs y ont puisé comme les poètes et les philosophes. Cet attrait universel qu’il a exercé jusqu’à nos jours, cette force suggestive dont il a fait preuve sans cesse, il les doit à un mérite éminent, dans lequel se confondent toutes ses qualités. La vie y abonde. Il n’y a pas de livre plus peuplé d’hommes. Il est naturel que l’humanité s’y soit attachée par tous ses instincts, par toutes ses curiosités, par toutes ses sympathies, puisqu’elle y trouvait la matière humaine dans son infinie variété.

X

Les grands moralistes dont nous nous sommes occupés dans ce chapitre, Épictète, Dion, Plutarque, peuvent être considérés comme les représentants éminents du mouvement qui entraînait alors les esprits. À côté d’eux, beaucoup d’autres, plus ou moins oubliés aujourd’hui, mais très connus en leur temps, contribuaient à