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CHAP. III. — RENAISSANCE AU IIe SIÈCLE

de bien dire ; et, s’il dédaignait la rhétorique à la mode, s’il était étranger aux scrupules des atticistes contemporains[1], il s’en fallait pourtant de beaucoup qu’il fût négligé de parti pris[2]. C’est pourquoi, sous le bénéfice de l’observation générale qui vient d’être faite, nous devons chercher à reconnaître et à définir, en chaque genre, son originalité littéraire, qui est incontestable.

Un petit nombre de ses écrits sont de simples recueils ; quelques-uns sont des conférences littéraires ou philosophiques ; d’autres, des dissertations ou des traités ; d’autres encore, des consultations épistolaires qui ressemblent fort à des dissertations ; beaucoup sont des dialogues ; enfin, il faut mettre à part les Vies, qui constituent un genre tout à fait distinct.

À la catégorie des recueils appartiennent des ouvrages tels que les Questions romaines, les Questions grecques, les Questions platoniciennes, les Vertus romaines. Simples collections de brèves dissertations ou de petits récits, juxtaposés et à peine unis entre eux soit par la relation très générale qu’indique le titre, soit par quelques réflexions énoncées en forme de préface. L’absence de composition en est justifiée dans une certaine mesure par la nature des sujets ; et toute une littérature de ce genre existait en Grèce depuis bien longtemps. Toutefois, quand on les rapproche des autres ouvrages de Plutarque, on ne peut nier qu’ils ne soient un indice instructif du procédé naturel de son esprit. Nous le surprenons là en train de collectionner et de juxtaposer, et nous allons voir que, pour composer, il a presque toujours collectionné et juxtaposé.

C’est là, en effet, le caractère frappant de toutes ses

  1. De audiendo, ch. ix.
  2. Ce qui le prouve, c’est le soin qu’il a d’éviter l’hiatus. Voyez Volkmann, p. 412 et suiv., qui cite et discute le travail de Benseler sur ce sujet.