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SPEUSIPPE

dans le caractère, dit-on, un mélange d’ardeur et de mollesse, des élans suivis d’abandon, que Platon dut lui apprendre à gouverner. Il fut l’élève d’Isocrate, dont il rédigea certains enseignements. Puis il se tourna vers la philosophie. En 347, il succéda à Platon dans la direction de l’école. Il mourut en 339, peut-être de mort volontaire. Il avait composé de nombreux écrits, dont on trouvera la liste dans Diogène Laërce. Notons seulement que ses ouvrages philosophiques étaient de deux sortes ; il avait écrit des Dialogues, comme Platon, et des traités, comme Aristote. On lui attribuait en outre l’Épitaphe du tombeau de Platon[1], un Éloge de Platon, des Lettres et un recueil de Définitions (Ὅροι). De tout cela, il nous reste les Définitions, qui sont visiblement un extrait de ses œuvres ; quelques Lettres dont l’authenticité est plus que douteuse, et de courts fragments.

La brièveté des fragments rend évidemment impossible de se faire une idée tout à fait précise de la valeur littéraire de Speusippe. On entrevoit cependant un mérite de facilité gracieuse qui, sans rien offrir de très saillant, convient bien au neveu de Platon et à l’élève d’Isocrate.

Ses doctrines nous apparaissent plus nettement, au moins dans les grandes lignes. Sur plusieurs points importants, il se sépare de Platon. — En dialectique, il rejette la définition proprement dite et la remplace par la description. La définition, fondée sur la différence de l’objet à définir, a le double tort de supposer la connaissance préalable de tous les autres objets, et de ne pouvoir s’appliquer ni aux idées trop générales, ni aux individus[2]. Il faut s’attacher aux choses particulières, les décrire, et les grouper ensuite d’après leurs ressem-

  1. Σῶμα μὲν ἐν κόλποις κατέχει τόδε γαῖα Πλάτωνος, — ψυχὴ δ’ ἰσοθέων τάξιν ἔχει μακάρων.
  2. V. surtout fragm. 203 et 208.