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CHAPITRE II. — D’AUGUSTE À DOMITIEN

faite avec sa légende dans le cours du second siècle, et elle s’est achevée au troisième par la biographie que composa Philostrate. Nous reparlerons de lui à propos de cet écrit. Quant à ses œuvres littéraires, elles étaient peu nombreuses et nous n’en possédons à peu près rien. Sa Vie de Pythagore a été utilisée par Porphyre et Jamblique[1] ; le dernier en analyse même un assez long passage, tout le récit de l’expulsion des Pythagoriciens de Sybaris, qui semble confus et négligé. Le traité de la Divination astrologique (Περὶ μαντείας ἀστέρων), cité par Philostrate, est entièrement perdu[2]. En revanche, Eusèbe nous a conservé quelques lignes d’un écrit Sur les sacrifices[3], qui semble avoir fait partie d’un ouvrage étendu, intitulé Théologie (Θεολογία). Dans ce curieux morceau, animé du plus pur esprit pythagoricien, l’auteur condamne les sacrifices et recommande la prière silencieuse de la raison. Si la pensée est belle en elle-même, le tour est d’un écrivain médiocre. Enfin Apollonios, selon Philostrate, avait écrit un grand nombre de lettres[4], que son biographe déclare avoir mises à profit, et dont il cite en effet un certain nombre ; malheureusement, celles qu’il cite font justement suspecter

    lonios von Tyana, Leipzig, 1889. Pauly-Vissowa, Apollonios, 96. — On a longtemps admis que Philostrate avait voulu établir une sorte de parallèle entre Apollonios et Jésus-Christ. Ce point de vue est généralement abandonné aujourd’hui. Voir plus loin, ch. iv, à propos de Philostrate.

  1. Porphyre, Vie de Pythag., 2 ; Jamblique, Vie pythagoricienne, 254-264.
  2. Philostrate lui-même ne le connaissait que par Mœragénès (Vie d’Apollon., III, 41).
  3. Eusèbe, Prépar. évangél., IV, 13. Même morceau, Démonstr. évangél., III, 3, sous ce titre ἐκ τῆς Ἀπολλωνίου τοῦ Τυανέως Θεολογίας.
  4. Vie d’Apollon., I, 2 : Ἐπέστελλε δὲ βασιλεῦσι, σοφισταῖς, φιλοσόφοις, Ἠλείοις, Δελφοῖς, Ἰνδοῖς, Αἰγυπτίοις, ὑπὲρ θεῶν, ὑπὲρ ἠθῶν, ὑπὲρ νόμων, παρ’ οἶς ὄ τι ἁμαρτάνοιτο ἐπηνώρθου. Dans ses préceptes sur le genre épistolaire, Philostrate (t. II, p. 237, Bibl. Teubner) le cite comme un des modèles à imiter.