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ÉCRITS PYTHAGORICIENS

parti pris, croyaient retrouver chez ces divers philosophes les débris des vieilles doctrines pythagoriciennes et n’hésitaient pas à les rendre à leurs véritables auteurs. D’ailleurs, en reconstituant tout un pseudo-pythagorisme primitif, ils obéissaient à des intentions que leur suggéraient les besoins du temps. Constituer une philosophie complète, mais simple, qui donnât aux contemporains, sous l’autorité d’une tradition antique et vénérée, supérieure par conséquent aux sectes, toutes les idées nécessaires sur Dieu, sur le monde, sur l’homme, sur la société, sur la famille, sur le bonheur et sur la vertu, voilà au fond ce qu’ils se proposaient. Et ce dessein déterminait la forme de leurs œuvres. S’ils s’efforçaient, par une nécessité du genre, d’écrire dans le dialecte dorien qui avait été celui des premiers Pythagoriciens, ils le faisaient du moins avec un remarquable souci de la clarté. À en juger par nos fragments, tous ces écrits, malgré des dissemblances nécessaires, se ressemblaient par une commune méthode d’élocution : une phrase courte, analytique, nettement divisée ; des définitions brèves, des préceptes, des formules, çà et là quelques comparaisons traditionnelles ; d’ailleurs, nulle rhétorique, point d’amplification, peu de dialectique. De vrais « manuels » par conséquent, sans originalité de pensée, mais commodes et pratiques.

C’est probablement à la même littérature qu’appartient le premier fonds de ces collections de Sentences et de Comparaisons pythagoriciennes qui ont été recueillies plus tard par divers auteurs[1]. Quelques-unes étaient anciennes, d’autres furent créées alors, d’autres s’y ajou-

  1. Le principal recueil est celui de Démophilos, qui semble avoir vécu au second siècle après J.-C. Voir Müllach, t. II, p. XXVI, pour la personne de Démophilos et la bibliographie de son recueil. Ses Comparaisons et ses Sentences sont dans le t. I du même recueil, avec celles qui proviennent d’autres sources (p. 485-504).