Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/404

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
386
CHAPITRE II. — D’AUGUSTE À DOMITIEN

peut-être la Syrie, fit un long séjour à Alexandrie, parcourut l’Égypte, vers l’an 20, avec son ami Ælius Gallus qui en était gouverneur, traversa la Méditerranée, une partie de la Grèce, visita l’Italie, et séjourna sans doute plusieurs fois à Rome. Mais, s’il aimait à voir, il semble qu’il ait aimé encore davantage à lire. Polybe et Posidonios furent ses véritables maîtres, et ils le firent ce qu’il a été. Toute sa vie semble avoir été absorbée par ses travaux. Riche et dénué d’ambition, il recueillit des matériaux et les mit en œuvre dans deux grands ouvrages, ses Études historiques et sa Géographie. Il vit tout le règne d’Auguste et une partie de celui de Tibère : il semble être mort peu avant l’an 25 de notre ère, en tout cas après le roi Juba de Mauritanie.

Son premier ouvrage, intitulé Études historiques (Ἱστορικὰ ὑπμνήματα), est aujourd’hui perdu[1]. Il dut le composer dans la première partie du règne d’Auguste, c’est-à-dire au temps où Denys d’Halicarnasse écrivait son histoire primitive de Rome, mais dans un tout autre esprit. Ces Études remplissaient quarante-sept livres. Les quatre premiers formaient une sorte d’introduction, où l’auteur rappelait peut-être les principales époques de l’histoire du monde jusqu’au second siècle avant notre ère[2]. Les conquêtes de Rome, du moins les premières, devaient y être brièvement résumées, car l’au-

  1. C. Müller, Fragm. Hist. gr., Cas. III, p. 490-494.
  2. D’après un passage de la Géographie (II, p. 70 : Καὶ ἡμῖν δ' ὑπῆρξεν ἐπὶ πλέον κατιδεῖν ταῦτα ὑπομνηματιζομένοις τὰς Ἀλεξάνδρου πράξεις, on a cru que Strabon y avait raconté, au moins en abrégé l’histoire d’Alexandre. Cela est tout à fait invraisemblable. Le passage de Strabon a été bien expliqué par M. Schwarz (art. Arrianus, dans Pauly-Wissova, p. 1243-1244). Il s’agit simplement de notes que Strabon a prises sur l’expédition d’Alexandre, pour les parties de sa Géographie qui se rapportaient aux pays que le conquérant avait fait connaître.