Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/346

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
328
CHAPITRE Ier. — PÉRIODE DE L’EMPIRE

tres. Privée de tous ces sentiments qui faisaient sa vie, elle n’était plus rien, qu’un bavardage puéril. Or le christianisme, au ive siècle, en Orient surtout, était profondément imprégné de sentiments ascétiques, comme d’ailleurs l’était aussi la philosophie contemporaine ; mais, de plus qu’elle, il répudiait tout le passé de l’hellénisme. Comment n’aurait-il pas bientôt laissé tomber et dépérir cette forme de culture intellectuelle, qu’il avait bien pu adopter un instant, mais dont l’esprit même était en désaccord avec le sien ?

V

Après le ive siècle, cet effet nécessaire se produit rapidement. L’enseignement des écoles semble avoir perdu sa substance même : il devient de plus en plus formel, mécanique, stérile ; il n’a plus de relation directe avec la vie, il n’en est plus l’apprentissage normal. D’ailleurs il faut le reconnaître, les circonstances politiques contribuent aussi pour une large part à ce déclin des études. L’empire d’Orient s’enferme dans son formalisme étroit, dans son despotisme administratif et bureaucratique. Plus d’initiative, plus de débouchés ouverts aux hommes de talent et d’énergie ; tout est réglé, classé, hiérarchisé, prévu et prescrit. L’hellénisme, qui était par essence liberté, activité d’esprit, perd en peu de temps toute possibilité d’existence.

La littérature profane se précipite alors vers son déclin, dans une sorte de survie tout artificielle. La sophistique est de plus en plus creuse et misérable au ve siècle ; elle disparaît à une date indéterminée, comme une chose qui n’a plus sa raison d’être et qui s’éteint faute d’aliment. Il est vrai qu’une poésie inattendue, celle de Nonnos et de son école, surgit alors ; mais il