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CHAPITRE IV. — LA POÉSIE ALEXANDRINE

(224-187). Il avait composé, outre un certain nombre d’écrits en prose sur des sujets historiques (Ἄτακτα, Ὑπομνήματα ἱστορικά, etc.), divers poèmes narratifs et des épigrammes. Ces poèmes narratifs, qui portent comme titres, en général, des noms propres (Διόνυσος, Ὑάκινθος, Ἱππομέδων, Ἀρτεμίδωρος, Δημοσθένης, etc.), se rattachent au genre épique, mais conçu plutôt selon l’esprit de Callimaque, semble-t-il, qu’à la façon des Argonautiques. C’étaient des poèmes probablement assez courts, où les légendes amoureuses, les métamorphoses, les explications mythiques des faits actuels, le romanesque et le rare, tenaient la première place[1]. Les fragments qui nous en restent ont peu d’intérêt et font peu regretter la perte de l’ensemble. Euphorion, comme Callimaque et Lycophron, appartenait au groupe des stylistes savants et obscurs. Virgile, cependant, paraît l’avoir goûté[2], peut-être par respect pour les enseignements de l’école ; car Euphorion, ainsi que les autres écrivains du même genre, était fort étudié par les grammairiens. Les deux épigrammes que nous avons de lui sont conformes à sa réputation.


Rhianos, né en Crète, fut contemporain d’Ératosthène[3], c’est-à-dire qu’il écrivit dans la seconde moitié du iiie siècle. Il vint à Alexandrie, où il conquit une certaine réputation de philologue : son édition de l’Iliade et de l’Odyssée, la première après celle de Zénodote, est quelquefois citée par les exégètes postérieurs. Il composa aussi des épigrammes, mais il fut surtout poète épique. Il donna une Héracléide, et des poèmes intitulés Ἀχαικά, Ἠλιακά, Θεσσαλικά, Μεσσηνιακά, où il mettait en œuvre

  1. Cf. Rohde, Griech. Roman, p. 90.
  2. Bucol., X, 50.
  3. Suidas, Ῥιανός. Cf. Couat, p. 331-353, et Susemihl, I, p. 399-403. — Fragments dans l’Anthologie de Jacobs, I, p. 229-233.