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CHAPITRE IV. — LA POÉSIE ALEXANDRINE

avoir séjourné le plus habituellement. Il fit pourtant un séjour aussi auprès d’Antiochus, fils de Séleucus, et se rendit à Alexandrie, où il se lia avec Callimaque déjà vieux. Mais il revint auprès d’Antigone, à Pella, où il mourut. Sa mort fut probablement antérieure à 240, date de la mort d’Antigone ; mais antérieure de peu de temps, puisque Callimaque, moins âgé qu’Aratos, était pourtant déjà vieux quand ils se connurent.

Aratos était philosophe, mathématicien, érudit, poète. Il donna une édition de l’Odyssée[1]. Il composa de nombreux ouvrages en vers et en prose, aujourd’hui perdus[2]. Parmi ses poèmes, on citait en particulier un Hymne à Pan qui avait été fort admiré d’Antigone[3]. Mais il est surtout, pour nous comme déjà pour ses contemporains, l’auteur du poème didactique intitulé Les Phénomènes (Φαινόμενα), en deux livres. Dans le premier livre (732 vers), il fait un exposé des notions astronomiques alors régnantes ; le second (422 vers), cité quelquefois sous un titre distinct comme un ouvrage à part (Διοσημεῖαι, les signes du temps ou les pronostics), est un cours de météorologie populaire.

La poésie didactique, en Grèce, remontait jusqu’aux origines de la littérature, puisqu’elle avait eu pour initiateur Hésiode ; et depuis, au vie et au ve siècle, elle avait été cultivée par un Xénophane, un Parménide, un Empédocle. Mais l’ouvrage d’Aratos, tout en se reliant à cette tradition, s’en sépare sur plus d’un point. Chez Hésiode, la poésie didactique avait été surtout l’interprète grave et religieuse d’une tradition impersonnelle. Chez les philosophes du vie et du ve siècle, elle était la voix raisonneuse et passionnée de la raison individuelle marchant à la conquête du vrai. Chez Aratos, elle

  1. Vita III, p. 58.
  2. Vita III, p. 55.
  3. Vita III, p. 58.