Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
215
CALLIMAQUE

différentes[1]. De là des diversités de ton et de facture qui nous permettent de voir le talent de Callimaque sous des aspects multiples, sans en dérober d’ailleurs l’unité essentielle. L’Hymne à Zeus (I) fut sans doute écrit, vers 275, pour une de ces fêtes religieuses que la politique de Philadelphe favorisait à Alexandrie, et dont nous trouvons un exemple dans la fin de l’idylle des Syracusaines. L’Hymne à Délos (IV) est manifestement destiné à une fête de l’île, probablement à l’occasion de l’envoi d’une théorie de Philadelphe, vers 272. L’Hymne d’Artémis (III), plus épique que lyrique, semble avoir été fait pour un concours poétique à Éphèse, postérieurement à l’année 258. L’Hymne à Déméter (VI), écrit en dorien, ne peut convenir qu’à une fête dorienne ; il accompagnait sans doute une théorie de Philadelphe à Cnide, à peu près vers le même temps que le précédent. L’Hymne sur les bains de Pallas (V) est également en dorien ; il présente en outre ce caractère unique d’être écrit en vers élégiaques. Il fut certainement composé pour une fête argienne, mais la date en reste inconnue. Quant à l’emploi du mètre élégiaque, je serais tenté de l’expliquer par le souvenir, naturel chez un érudit comme Callimaque, des vieux nomes élégiaques attribués à Sacadas, lequel était justement d’Argos. L’Hymne à Apollon (II), enfin, composé pour une fête d’Apollon Carnéen à Cyrène, semble appartenir à la dernière année du règne de Philadelphe (248-247), après l’annexion définitive de Cyrène à l’Égypte. — On voit que ces poèmes, confondus sous le nom générique

  1. Pour les dates des Hymnes, v. Couat, p. 191-237, dont les conclusions, longuement motivées, me paraissent généralement vraisemblables. Toutes ces dates, établies d’après les allusions faites par le poète aux événements contemporains, sont nécessairement approximatives. — V. aussi Susemihl. p. 358-362, ou l’on trouvera quelques divergences, et Legrand, Revue des Etudes grecques, 1894, p. 276-283.