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CHAPITRE IV. — LA POÉSIE ALEXANDRINE

tragédies qui lui valurent l’honneur d’être compté parmi les poètes de la pléiade. L’un de ses drames, les Joueurs d’osselets (Ἀστραγαλισταί), mettait en scène la mort du fils d’Amphidamas, tué par Patrocle à la suite d’une querelle de jeu[1]. On lui attribuait aussi des poèmes intitulés : Phénomènes (Φαινόμενα), Crica (Κρίκα ; sujet inconnu, et authenticité douteuse[2]). Le Pécheur (Ἁλιεύς ; mythe de Glaucos[3]) ; puis deux recueils d’élégies, Apollon[4] et Les Muses[5], où il racontait, à peu près comme ses prédécesseurs et ses contemporains, des légendes amoureuses[6]. Un fragment de trente-quatre vers, tiré de l’Apollon, est une prophétie où le dieu raconte par avance les tragiques amours d’Anthée et de la femme de Phobios. Le morceau révèle un versificateur habile et curieux plutôt qu’un poète vraiment ému[7].


À côté de Philétas et au-dessus des poètes dont nous venons de parler, se place Asclépiade de Samos, leur contemporain[8]. C’est à lui que Théocrite, dans la viie Idylle, fait allusion sous le nom de Sikélidas de Samos[9]. On peut conclure de ce passage qu’Asclépiade était un peu plus âgé que Théocrite et que celui-ci le considérait comme un maître. Il avait composé des

  1. Cf. Nauck, Tragic. græcor. fragm. (2e éd.), p. 817.
  2. Athénée, VII, p. 283, A.
  3. id., p. 296, E.
  4. Parthénios, Erotica, c. 44.
  5. Macrobe, Saturn. V, 22.
  6. Cf. Anthol. de Jacobs, I, p. 207-209.
  7. Il avait aussi, après Sotadés, composé quelques poésies du genre grossier mis à la mode par celui-ci (Strabon, p. 648).
  8. Cf. Susemihl, II, p. 524-526. — Cf. Anthol. de Jacobs, I, p. 144-153.
  9. Théocrite, VII, 40, et le scholiaste. — On suppose en général que son père s’appelait Σικελός ; d’autres explications de ce pseudonyme ont été proposées : cf. Susemihl. — Méléagre, dans sa préface (v. 46), l’appelle aussi de ce nom Σικελίδεω τ’ἀνέμοις ἄνθεα φυόμενα.