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CHAPITRE IV. — LA POÉSIE ALEXANDRINE

cette qualité à Alexandrie, puis revint sans doute à Cos, où il semble qu’il ait passé les dernières années de sa vie, entouré d’un groupe de jeunes poètes amis, qui lui formaient comme une école : Hermésianax, Théocrite, Aratos furent de ce groupe, auquel il faut peut-être joindre aussi Asclépiade de Samos, nommé pourtant par Théocrite à côté de Philétas plutôt comme un contemporain déjà illustre que comme un disciple[1]. On ne sait quand il mourut[2].

La gloire de Philétas fut grande[3]. Il avait composé, outre quelques écrits érudits en prose[4], des élégies amoureuses où il chantait Biltis, un recueil de poésies légères (παίγνια) qui comprenait surtout sans doute des épigrammes, un autre recueil qu’il avait intitulé, du nom de son père, Télèphe, et deux poèmes plus étendus qui sont cités sous des noms distincts, l’un, en vers élégiaques, intitulé Déméter, et l’autre, en hexamètres, intitulé Hermès. C’est à peine s’il nous reste de toute son œuvre une cinquantaine de vers. Nous ne pouvons, sur de si faibles débris, ni juger son talent avec sécurité, ni même déterminer avec une précision suffisante la nature exacte de ses œuvres. Qu’était-ce au juste que sa Déméter ? Qu’était-ce même que cet Hermès, dont nous savons seulement qu’il y avait raconté certaines aventures romanesques d’Ulysse, et, par

  1. Théocrite, VII, 40. Susemihl, après d’autres, croit que cette société de poètes formait une sorte de confrérie bucolique où chacun portait un nom de berger. Ce n’est pas impossible, mais il me paraît vraiment excessif de prétendre trouver tout cela dans la VIIe Idylle.
  2. Philétas était de complexion faible (Plutarque, An seni gerenda sit resp., c. 45, p. 791, E). Il mourut épuisé de travail (épigr. citée par Athénée, p. 404, E).
  3. Ses compatriotes lui élevèrent une statue aussitôt après sa mort, suivant Hermésianax (Athénée, XIII, p. 598, F).
  4. Un scholiaste (Apollon. Rh., IV, 989) cite ses Ἄτακτα, ou Ἄτακτοι γλῶσσαι.