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ANTIGONE DE CARYSTE ; SOTION

Nous avons sous son nom un Recueil d’Histoires merveilleuses Ἱστοριῶν παραδόξων συναγωγή), qui est une assez misérable compilation, sans originalité et sans critique ; si elle est vraiment d’Antigone de Caryste, elle n’ajoute rien à sa gloire. Il est au contraire fort regrettable que nous ne puissions plus lire ses Vies des philosophes (Polémon, Crantor, Cratès, Arcésilas, Pyrrhon, Timon, Zénon, etc.), non plus que ses études sur les artistes. Diogène Laërce cite souvent ses Vies des philosophes : on voit que les souvenirs personnels y tenaient une grande place ; c’était, semble-t-il, une histoire anecdotique et vivante qui devait offrir un vif intérêt. Dans ses écrits sur les artistes, dont les titres exacts ne nous sont pas connus, il discutait l’attribution de certaines œuvres, exposait la liaison des écoles et devait donner beaucoup d’informations précieuses dont nous n’avons qu’un faible écho dans les écrivains postérieurs, notamment dans Pline l’ancien[1].

Quant à Sotion, qui semble avoir vécu à Alexandrie vers le début du iie siècle, il était l’auteur d'un écrit célèbre, en treize livres, sur la Succession des philosophes (Διαδοχὴ τῶν φιλοσόφων), c'est-à-dire sur la filiation des écoles et des doctrines[2]. On y trouvait de nombreux renseignements sur la biographie des philosophes, sur les principaux traits de leurs systèmes, sur leurs « apophthegmes ». Diogène Laërce lui a beaucoup emprunté. L'ouvrage de Sotion, outre sa valeur intrinsèque, eut le mérite de susciter toute une série d’ouvrages analo-

  1. Cf. Wilamowitz-Moellendorff, p. 10 et suiv. On a contesté que l’auteur de ces écrits fût le même que l’historien des philosophes ; mais Zénobios, V, 83, le donne expressément comme étant, lui aussi, de Caryste. — Antigone de Caryste avait eu pour prédécesseur, dans cet ordre d’études, un certain Zénocrate (Pline, XXXIV 83), qui paraît avoir vécu aussi au iiie siècle.
  2. Cf. Diels, Doxographi graeci, p. 146-148.