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CHAP. VIII. — LA FIN DE L’HELLÉNISME

part, elle use de la versification dite « rythmique », fondée sur l’accent tonique et non sur la quantité. Elle a sa place marquée dans une histoire de la littérature chrétienne, mais non dans une histoire générale de la littérature grecque.


Nous voici donc arrivés au terme de cette longue étude qui embrasse une succession ininterrompue d’environ dix-sept siècles. Elle a commencé dans la Grèce primitive, préhistorique, avec les prédécesseurs mal connus d’Homère ; elle vient s’achever dans les cloîtres d’Orient, vers le temps où Héraclius prend parti pour les Monothélites et laisse démembrer son empire par les Arabes.

C’est en effet entre les mains du clergé que tout ce qui reste de littérature est à peu près concentré à partir du viie siècle ; aucune forme de pensée ne subsiste, qui ne soit marquée des préoccupations ecclésiastiques. Par suite, tout le mouvement des esprits est circonscrit dans des disputes d’orthodoxie. Plus de recherche, plus d’essor libre d’imagination, plus de philosophie ni d’éloquence. L’hellénisme a cessé d’exister, et le byzantinisme lui succède.

Mais cet hellénisme, qui disparaît, demeure en réalité comme un des éléments les plus durables et les plus importants du patrimoine moral de l’humanité. Enveloppé d’oubli, ou mal compris et mal apprécié pendant plusieurs siècles, il reparaîtra au temps de la Renaissance avec un éclat admirable ; et il suffira qu’il reparaisse pour que le monde soit transformé. Par lui, le moyen-âge prendra fin tout à coup ; et voici que, dans une société avide de pensées et de connaissances, il jettera, comme une semence féconde, toutes les idées qui constitueront un jour la science et la conscience modernes. Une puissance merveilleuse sortira de lui :