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HISTORIOGRAPHIE ECCLÉSIASTIQUE


ve siècle. Au vie siècle, le déclin est déjà bien plus sensible. Et ce n’est peut-être pas seulement parce que la culture générale s’abaisse, c’est aussi parce que les plus beaux sujets sont épuisés. L’histoire de l’Église, après 450, est loin d’offrir le même intérêt que dans la période antérieure. L’Arianisme avait été un grand mouvement, non seulement religieux, mais politique. Le Monophysitisme, le Nestorianisme ne sont plus que des disputes de théologiens.

Nommons seulement Eustathe d’Épiphanie en Syrie, auteur d’une chronique perdue qui allait jusqu’à 502 ; Théodose, dit le Lecteur (Ἀναγνώστης (Anagnôstês)), qui vers 530, continua, dans un récit en deux livres, l’histoire de Socrate, de Sozomène et de Théodoret jusqu’à l’année 527 ; Zacharie, le Rhéteur ou l’Avocat, plus tard évêque de Mitylène, en 536, qui conduisit un récit analogue de 450 environ jusqu’à 518 ; il ne subsiste de leurs œuvres que des fragments ou des traductions[1]. — Le seul historien marquant de ce temps est Évagrios[2]. Né à Épiphanie de Syrie vers 536, avocat à Antioche, questeur sous Tibère II (578-582), mêlé aux affaires religieuses comme conseiller du patriarche Grégoire d’Antioche au temps du concile de Constantinople de 588, préfet honoraire sous l’empereur Maurice (582-620), il mourut à Antioche vers la fin du VIe siècle. Cette vie active lui permit de mieux connaître les hommes et la politique. Comme historien, il a mis à profit cette expérience. S’étant proposé, selon ce qu’il déclare dans sa préface, de continuer, lui aussi, Socrate, Sozomène et Théodoret, il écrivit une Histoire ecclésiastique en six livres, qui va de 431 à 594. Bien informé et sincère, Évagrios, sans modifier d’ailleurs la méthode de ses prédécesseurs, se montre supé-

  1. Voir Bardenhewer, Patrol., § 84, 1 et 2.
  2. Photius, cod. 29.