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CHAP. VIII. — LA FIN DE L’HELLÉNISME

dans le paganisme. Sa première éducation achevée, il fréquenta les écoles supérieures d’Alexandrie ; il dut y suivre, entre 390 et 395 environ, les leçons d’Hypatie, qui semble avoir exercé une influence décisive sur la formation de son esprit. Sa correspondance témoigne de la reconnaissance affectueuse qu’il garda toujours pour elle. Elle l’initia sans doute aux mathématiques pures et appliquées, mais surtout à la philosophie platonicienne. Jeune encore, il fut chargé par sa ville natale, en 397, d’une mission auprès de l’empereur Aracadius. Pour s’en acquitter, il dut se rendre à Constantinople, où il paraît avoir séjourné jusque vers 400. Lui-même, dans son Hymne III, nous a laissé le vif témoignage de ce qu’il eut à y souffrir : sa nature, portée à l’étude, répugnait aux démarches, aux intrigues, aux négociations : les difficultés le décourageaient ; soufrant, désespéré, il priait tous les dieux de Constantinople et de Chalcédoine de lui venir en aide ; enfin, il réussit[1]. Dans les années qui suivirent, il eut l’occasion de visiter Athènes, où il ne trouva de grand que le souvenir du passé ; les maîtres d’alors, un Plutarque, un Syrianos, lui parurent fort au-dessous de ceux d’Alexandrie : « Athènes, écrivait-il, était autrefois le domicile de la sagesse ; aujourd’hui ce sont les fabricants de miel qui font sa gloire[2]. »

Il revint donc à Cyrène, s’y maria, et y vécut quelques années en grand propriétaire rural, administrant ses domaines, chassant, s’occupant de sa famille, et donnant tout le temps qui lui restait aux lettres et à la

    rene, Berlin, 1869 ; H. Druon, Œuvres de Synésius, trad. en français, avec une étude biographique et littéraire, Paris, 1878 ; Bardenhewer, Patrologie, § 58 ; Kraus, Studien ueber Synesios (questions chronologiques, etc.). Theol. Quartalschrift, t. XLVII, 1865.

  1. Hymne III, v. 437-503.
  2. Lettre 136 : Αἱ δὲ Ἀθῆναι, πάλαι μὲν ἦν ἡ πόλις ἑστία σοφῶν, τὸ δὲ νῦν ἔχον σεμνύνουσιν αὐτάς οἱ μελιττουργοί.