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CHAP. VIII. — LA FIN DE L’HELLÉNISME


de ses spéculations, n’était pas faite pour favoriser le développement des sciences positives, et l’esprit du temps, avec sa tendance aux rêveries vaines, compliquée d’une crédulité superstitieuse, était également contraire aux progrès de la connaissance méthodique.

Les mathématiciens toutefois ne semblent pas avoir manqué en ce temps ; mais, après Diophante, nous n’en trouvons aucun qui ait fait preuve d’un génie original. La plupart des néoplatoniciens sont en même temps mathématiciens. Au ve siècle, Théon, le père d’Hypatie, Hypatie elle-même, Proclos, beaucoup d’autres, s’occupent de géométrie, d’astronomie, de mécanique, de calculs divers. Alexandrie continue à être un foyer d’études mathématiques. Mais il ne sort de là ni une grande œuvre, ni une théorie nouvelle. — Au vie siècle, Anthémios, l’architecte célèbre de Sainte-Sophie, applique surtout ses rares facultés à la mécanique[1]. Il nous reste de lui un fragment Sur quelques machines merveilleuses (Περὶ παραδόξων μεχανημάτων (Peri paradoxôn mechanêmatôn))[2]. Cela ne touche guère à la littérature et n’a même que peu d’importance dans l’histoire générale de la science. — Au delà du vie siècle, nous ne trouvons plus même de nom à signaler.

Dans les sciences d’observation, la médecine seule garde encore quelque vitalité dans cette dernière période[3]. Le plus remarquable de ses représentants est un des frères d’Anthémios, Alexandre de Tralles, qui, après avoir exercé la médecine militaire, enseignait à Rome au temps de Justinien (527-565)[4]. Son Art de guérir (Θεραπευτιϰά (Therapeutika)), en douze livres, atteste non seulement une érudition solide, mais une réelle indépendance de jugement,

  1. Agathias, Hist., V. 6. Voir l’art. de Hultsch sur Anthemios (n° 4), dans Pauly-Wissowa.
  2. Westermann, Παραδοξογράφοι (Paradoxographoi), Brunswick, 1839, p. 149-158.
  3. K. Sprengel, Gesch. der. Arzneikunde, t. II.
  4. Art. de Wellmann dans Pauly-Wissowa (Alexandros, n° 101).