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PROCLOS


naquit à Constantinople en 410[1]. Au dire de son disciple Marinos, il avait pour lui tous les avantages extérieurs, beauté, santé, fortune ; il étudia d’abord la rhétorique en vue des emplois civils, voulant suivre son père Patrikios dans la carrière des honneurs ; mais sa vocation philosophique ne tarda pas à se prononcer. Il suivit à Alexandrie les leçons aristotéliciennes d’Olympiodore, puis vint à Athènes, un peu avant 430 ; là, il fut accueilli comme un fils par le vieux Plutarque et par Syrianos, qui l’initièrent à leur philosophie. Plutarque ne tarda pas à mourir ; Syrianos fut alors son véritable maître. Après avoir vécu dans sa familiarité et s’être pénétré de ses enseignements pendant une dizaine d’années, Proclos lui succéda vers 438. Devenu ainsi chef d’école, il se donna tout entier à sen enseignement pendant près de cinquante ans[2]. Absorbé par la réflexion et l’étude, il ne réservait que quelques heures au sommeil ; le reste de son temps, il l’employait à méditer, à écrire, à s’entretenir avec ses disciples ou à commenter devant eux ses textes préférés. Il avait refusé de se marier pour n’être distrait de la philosophie par aucun souci. C’était un ascète[3], toujours plongé dans la haute spéculation ; mais bon, accueillant, séduisant même par son charme personnel, et qui inspirait à son entourage une vénération affectueuse. Sa santé resta bonne, malgré ses austérités, jusqu’à l’âge de soixante-dix ans ; puis, elle déclina

  1. Nous avons une biographie détaillée de Proclos, due à son successeur Marinos. Boissonade l’a publiée à la suite du Diogène Laërce de la Bibl. Didot, Paris, 1850. Notice de Suidas, Πρόϰλος ὁ Λύϰιος (Proklos ho Lukios).
  2. Il dut seulement quitter Athènes une année pour échapper aux menaces de persécution. Il se réfugia en Lydie, mais revint à son école dès que les passions furent apaisées. Marinos, Proclos, ch. XV.
  3. Sur ses abstinences, ses jeunes, ses pratiques de dévotions, voy. Marinos, Proclos, ch. XIX.