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CHAP. VIII. — LA FIN DE L’HELLÉNISME

montrait comment les doctrines de Pythagore, de Platon et d’Aristote s’accordaient avec les révélations d’Homère, d’Orphée et des Oracles. Toutefois, Syrianos, à ce qu’il semble, suggérait plus d’idées neuves qu’il n’en inventait lui-même. Sa part personnelle dans la doctrine néoplatonicienne paraît avoir consisté surtout en ce qu’il établit encore plus de distinctions et de divisions que ses prédécesseurs dans la hiérarchie des êtres, préparant ainsi l’organisation définitive du système qui allait s’achever entre les mains de son successeur. Ses écrits, probablement nombreux, étaient des commentaires sur les principaux ouvrages de Platon. Nous ne les connaissons plus que par les citations et témoignages qui abondent dans les œuvres de Proclos[1].

Le plus puissant de ces rêveurs subtils fut incontestablement Proclos ; ce fut le seul parmi eux qui fit preuve de génie. Depuis trois siècles déjà, le Néoplatonisme cherchait sa forme définitive. Plotin, après Ammonios Saccas, en avait posé les principes et institué la méthode ; Porphyre, avec sa science, l’avait enrichi, documenté, consolidé et vulgarisé ; Jamblique y avait introduit un élément important de rêverie mystique et de spéculation subtile ; Proclos condensa tout cela, en précisa les détails, et organisa le tout en un vaste système. Ce qu’il ne put pas faire, ce fut de rendre la vie à des théories qui avaient perdu depuis longtemps le contact vivifiant de la réalité[2].

Issu d’une famille riche de Xanthos en Lycie, Proclos

  1. Sur la philosophie de Syrianos, consulter Zeller (Phil. d. Griech. t. V3, p. 759-774. — La liste d’écrits donnée par Suidas est fort suspecte, car elle est en partie la même que celle qui figure ailleurs sous le nom de Proclos. Les œuvres de rhétorique de Syrianos ont été mentionnées plus haut (p. 984) : ce sont des commentaires sur Hermogène, qui ont été publiés par Hugo Rabe dans la Bibl. Teubner (Syriani in Hermogenem commentaria, Leipzig, 1894).
  2. Zeller Phil. d. Griech. t. V3, p. 771 et suiv.