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CHAP. VIII. — LA FIN DE L’HELLÉNISME


pétuer après lui. Il n’en est pas moins vrai qu’en cette période extrême de l’hellénisme, il nous apparaît comme le seul qui ait fait, dans l’ordre de l’imagination pure, quelque chose de grand.

Les Dionysiaques sont une épopée toute païenne ; il est impossible de douter que Nonnos ne fut païen lors qu’il la composa. Plus tard, il devint chrétien, sans cesser d’être poète. De cette seconde partie de sa vie date une œuvre d’un genre bien different, la Paraphrase du saint Évangile de Jean (Μεταϐολὴ τοῦ ϰατὰ Ἰωάννην ἁγίου εὐαγγελίου (Metabolê toû kata Ioannên hagiou euaggeliou)), en trente et un chapitres[1]. La transcription en vers des livres édifiants répondait à un goût alors très répandu. On croyait autour de Nonnos, et il dut croire comme ses contemporains, que la versification pouvait donner plus de prix aux récits du christianisme primitif. On ne s’apercevait pas que le travail du versificateur, en cette matière, consistait surtout à inventer des épithètes superflues et à substituer des périphrases aux termes propres. Nonnos n’a guère fait autre chose, malgré un effort de précision et de simplicité. Il observe d’ailleurs ses règles métriques avec moins de rigueur dans sa paraphrase évangélique que dans son épopée.


Voilà le maître : tel qu’il est, il a sa grandeur. Mais ses disciples, il faut bien l’avouer, ne semblent guère avoir été —— si l’on en excepte un seul poète de quelque mérite, Musée, — que de pauvres ravaudeurs de légendes rebattues. La médiocrité de leurs œuvres subsistantes décourage toute tentative de classement.

Tryphiodore était, selon Suidas, un Grec d’Égypte, grammairien et poète[2]. Outre une épopée historique Sur

  1. Éd. de A. Scheindler, dans la Bibl. Teubner, Leipzig, 1881. Voir la bibliographie très complète qui forme le chap. i de la Préface.
  2. Suidas, Τρυφιόδωρος (Truphiodôros).