comprendre ceux des autres, il n’est pas difficile de voir, à quelques mots qui lui échappent parfois, de quel côté vont ses préférences. Les gouvernements bien équilibrés à l’intérieur, prudents au dehors, sont ceux qu’il préfère. Il fait un bref, mais magnifique éloge du régime qui suivit à Athènes la tyrannie des Quatre Cents : « Alors pour la première fois, dit-il, au moins de mon vivant, les Athéniens furent bien gouvernés : car c’était un mélange heureusement tempéré d’aristocratie et de démocratie (μετρία γὰρ ἥ τε ἐς τοὺς ὀλίγους καὶ τοὺς πολλοὺς ξύγκρασις ἐγένετο), et ce régime releva enfin la ville du mauvais état où elle était tombée[1]. » Il n’y a d’ailleurs rien d’étroit et d’absolu dans sa manière de voir. Périclès, quoique démocrate, excite son admiration ; il le loue d’avoir été modéré, et d’avoir si bien su, sans violer la liberté publique, faire accepter de la multitude son autorité[2]. Chios et Lacédémone, quoique gouvernées d’une manière aristocratique, lui semblent bien gouvernées[3]. Il comprend à merveilles que la démocratie et l’aristocrate ont chacune leurs avantages, très dignes d’estime et très capables de séduire les meilleurs esprits[4] La seule chose qu’il ait en horreur et en mépris, c’est la violence, de quelque part qu’elle vienne. Cléon lui paraît odieux et ridicule ; mais les Quatre Cents ne trouve pas davantage grâce devant lui ; dans le tableau qu’il trace des mœurs grecques à l’occasion des troubles de Corcyre, il laisse voir que les violences et les mensonges des aristocrates lui semblent tout aussi détestables que les violences et
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