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apparaissent dans ces exercices sont les mêmes que celles des véritables plaidoyers, seulement plus concentrées, plus isolées, moins engagées dans les détails accidentels d’une cause particulière. Dans un procès réel, la parole d’Antiphon est plus souple ; il faut bien qu’il raconte, qu’il explique, qu’il fasse comprendre et qu’il apitoie. Mais, au fond, les procédés restent invariables.

Des plaidoyers d’Antiphon, trois seulement nous restent, tous trois relatifs, nous l’avons vu, à des affaires de meurtre.

Le plus important des trois et le plus célèbre est celui qui est intitulé : Sur le meurtre d’Hérode. Un citoyen de Mitylène a voyagé avec cet Hérode, qui a disparu à Méthymne ; le Mitylénien est accusé d’avoir tué son compagnon de voyage ; il se défend contre l’accusation.

De l’exorde, nous retrouvons un lieu commun bien connu : l’accusé est sans expérience ; il ne sait pas manier la parole. Malheureusement il dit cela en phrases savantes et bien balancées. C’est là une maladresse dont Lysias lui même n’a pas su toujours se préserver ; l’usage ordinaire des recueils d’exordes et de péroraisons a dû donner parfois à ces morceaux un air d’école. Après quelques mots habiles sur la confiance de l’accusé dans ses juges, et un second lieu commun, vigoureux et pathétique, sur la sainteté des lois (morceau textuellement reproduit dans un autre plaidoyer d’Antiphon[1]), l’orateur arrive à la narration.

Ici le style se détend un peu ; le récit est court, net, simple, entremêlé de témoignages, de réflexions qui soulignent le caractère des faits.

Suit la discussion : d’abord celle des faits, qu’il s’agit d’établir, comme dans les Tétralogies, par la considé-

  1. Sur le Choreute, 2