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thène et celui de Démosthène contre ses tuteurs sont jetés exactement dans le même moule. Il est d’autant plus curieux de voir comment, avec un dessin général identique et avec certaines formules qui ne changent pas, le génie propre de deux grands orateurs arrive cependant à se faire jour et à mettre un accent si différent dans ces deux airs en apparence si voisins. Mais souvent aussi les exordes et les péroraisons devaient se transporter presque sans changement d’un discours à l’autre. De toutes façons, un recueil comme celui d’Antiphon était d’une utilité pratique incontestable. Ce n’est pas lui, sans doute, qui avait trouvé le plan essentiel des exordes et des péroraisons : l’observation l’avait peut-être enseigné déjà à Tisias ; mais il est clair que la publication de son recueil dut faire beaucoup pour établir définitivement dans la pratique athénienne ce type simple, net, persuasif.

Les Tétralogies, au nombre de trois, sont des groupes formés de quatre discours chacun. Ces quatre discours se succèdent ainsi : accusation, défense, réplique de l’accusation, réplique de la défense. Il est aisé de voir que ce sont là des discours fictifs et que l’ouvrage, par conséquent, était destiné aussi à l’enseignement, comme le recueil dont nous venons de parler. Dans les Tétralogies, aussi bien que dans les plaidoyers proprement dits d’Antiphon, il n’est question que d’affaires de meurtre. La raison en est évidente : dans l’édition générale des œuvres d’Antiphon, tous les discours relatifs à des meurtres (φονικοὶ λόγοι) étaient mis ensemble, soit que la cause fût fictive, soit qu’elle fût réelle. C’est seulement cette subdivision des œuvres d’Antiphon qui nous a été conservée en partie (comme, dans l’œuvre d’Isée, les discours relatifs à des affaires d’héritage), probablement parce que c’était la plus célèbre.