pour les choses de la science. Il est évident qu’Aristote avait contribué à éveiller ou a nourrir ces sentiments dans l’âme de son élève : — Il lui avait même enseigné, dit-on, son système : Plutarque et Aulu-Gelle, parlent de traités philosophiques communiqués par Aristote a Alexandre et que celui-ci aurait reproché a son maître d’avoir fait connaître à d’autres[1]. Ces relations furent interrompues, en 325, par le meurtre de Callisthène, neveu d’Aristote[2]. Mais elles avaient assez duré pour qu’Alexandre eût eu le temps de mettre au service des recherches scientifiques de son maître de précieuses ressources, sommes d’argent considérables, animaux rares de toute espèce et de toute provenance[3].
Dès l’année 335, Aristote était rentré dans Athènes, où il fit un nouveau séjour ininterrompu de treize ans. Il ouvre alors : son école propre. Pendant que Xénocrate continue à l’Académie l’enseignement de Platon, Aristote ; maître de ses idées, désireux de mettre en lumière ce qu’il considère comme la vérité, réunit dans les « promenades » (περίπατοι) du Lycée un certain nombre de disciples, et fonde l’école péripatéticienne. Peut-être avait-il déjà, soit du vivant de Platon, soit dans les années qui précédèrent son séjour en Macédoine, commencé d’enseigner ou tout au moins de discuter en public[4] ; mais la véritable fondation du
- ↑ Plutarque (Alex., ch. vii et viii ; Aulu-Gelle, XD, et suiv.).
- ↑ Plutarque (Alex., ch. lxvii) raconte qu’Aristote, pour venger cette mort, fournit du poison à Antipater. Ce sont là des inventions romanesques sans valeur.
- ↑ Athénée, IX, p. 398, F, Pline, Hist. nat., VIII, 17, § 44.
- ↑ C’est dans cette première période d’enseignement qu’il aurait eu pour élève le poète tragique Théodecte, s’il est vrai, comme le dit Suidas (Θεοδέκτης), que celui-ci ait écouté les leçons d’Aristote. Il faudrait aussi rapporter à cette période sa moquerie sur Isocrate : Αἰσχρὸν σιωπᾶν, Ἰσοκράτη δ’ ἐᾶν λέγειν. Diogène Laërce, qui cite ce vers, écrit Ξενοκράτη. La correction Ἰσοκράτηrésulte de Cicéron, de Or., III, 35 et 141, et de Quintilien, III, 1, 14. Les attaques d’Isocrate contre les sophistes du Lycée (Panathén., 18 et 33) se rapportent-elles à Aristote ?