SOMMAIRE
Il semble vraiment qu’un habile démiurge ait dirigé d’un bout à l’autre l’évolution littéraire de la Grèce dans la période indépendante et nationale de son histoire, tant la marche en est régulière et satisfaisante pour l’esprit. Après la magnifique floraison d’une poésie d’abord tout intuitive et spontanée, après les merveilles réfléchies du lyrisme et de l’art attique, après deux siècles de philosophie et quatre ou cinq siècles de création littéraire ininterrompue, voici qu’un génie apparaît, encyclopédique et systématique, capable de tout savoir, de tout comprendre, de tout classer, et qui ferme avec éclat, par une synthèse scientifique incomparable, la période de création. Le rôle d’Aristote est un des plus grands dans l’histoire de l’esprit humain. Ayant réduit en formules, pour ainsi dire, toute la substance de l’hellénisme, il a été plus que personne l’éducateur des âges suivants. Aux époques dogmatiques, il a passé pour le législateur suprême dans tous les ordres de la pensée. Pour les modernes, historiens et critiques, il garde l’autorité d’un témoin de premier ordre, en même temps qu’il reste l’un des maîtres originaux de la pensée philosophique. Toutes les circonstances ont conspiré en sa faveur. Par la