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style sont en somme ressemblantes : quand même nous n’aurions pas le fragment de l’Oraison funèbre, on peut dire que, pour entendre parler Gorgias, nous n’aurions qu’à écouter les paroles que Platon lui prête dans le dialogue où il lui donne le principal rôle[1], ou encore celles que prononce, dans le Banquet, le poète tragique Agathon[2], son disciple et son imitateur[3]. Mais, outre ces fragments authentiques et ces imitations platoniciennes, nous avons, sous le nom de Gorgias, deux discours entiers, un Éloge d’Hélène et une Défense de Palamède[4]. Parmi les critiques, les uns regardent ces deux œuvres comme apocryphes, les autres en défendent l’authenticité. M. Blass, d’abord hésitant[5], a fini par se rallier à ce dernier parti[6]. Ce qui est sûr, c’est qu’on n’a jamais trouvé une raison décisive pour combattre l’attribution de ces deux morceaux à Gorgias, et que, s’ils ne sont pas de lui, ils sont du moins un très habile pastiche, de sont style[7].


À côté de Protagoras et de Gorgias, qui sont des initiateurs et des maîtres, les Prodicos, les Hippias, les Polos, sont des personnages de second plan.

  1. Gorgias, p. 452, E.
  2. Banquet, p. 194, E, et la suite ; 197, D.
  3. Ibid., p. 198, C.
  4. Publiés par Blass à la suite de son Antiphon (coll. Teubner).
  5. Cf. Blass, Geschchte der Att. Beredsamk., t. 1, p. 65 et suiv., où la discussion est complète.
  6. Préface de son édition d’Antiphon (coll. Teubner), p. XVIII : « Gorgiæ utraque mihi genuina videtur, quoque sæpius relego, eo firmius id apud me judicium stat. »
  7. J’ai moi-même, dans les Mélanges Graux, p. 127-132, essayé de restituer un passage corrompu de l’Éloge d’Hélène, et caractérisé à ce propos le style du morceau. L’Éloge d’Hélène, à vrai dire, présente à un plus haut degré que le Palamède les traits caractéristiques de la manière de Gorgias ; mais rien ne prouve que Gorgias fût partout uniformément tendu en affecté ; entre les deux ouvrages, il n’y a qu’une différence de degré, non de nature, et encore très légère.