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l’élève, dit-on, d’Empédocle et de Tisias[1]. Envoyé par sa ville natale comme ambassadeur à Athènes en 427, il y obtint une vogue extraordinaire. Sauf cette ambassade, sa vie semble, avoir été consacrée entièrement à l’exercice de son art. Il se promena, suivant l’usage sophistique, de ville en ville[2]. Il fit d’assez longs séjours à Athènes, car il écrivit en dialecte attique. Mais ont le voit plus tard en Thessalie, à Larisse, où il était en plein succès lorsque déjà sa réputation baissait à Athènes[3]. Il gagna beaucoup d’argent et en dépensa beaucoup[4]. Il aimait le faste dans les vêtements, et une légende allait jusqu’à dire qu’il s’était élevé à lui-même une statue d’or[5]. Mais, au milieu de cette magnificence, il vivait sobrement, et conserva jusqu’au bout sa vigueur[6].

On lui attribuait divers écrits : d’abord un ouvrage philosophique. Περὶ φύσεως ἢ τοῦ μὴ ὃντος, qui était une déclaration expresse de scepticisme[7] ; ensuite, des écrits techniques sur la rhétorique[8], et un certain

    à plus de cent ans (nombreux textes dans Zeller, t. II, p. 466, n. 1). Comme, d’autre part, on en fait l’élève de Tisias (Walz, t. IV, p. 14) et d’Empédocle (Quintilien, ibid., 8), il ne peut être né beaucoup avant 480. Isocrate (Hélène, 2) en parle comme d’un contemporain de Protagoras.

  1. Voir la fin de la note précédente. Noter aussi qu’une tradition assez vague attribuait à Empédocle quelque souci de la rhétorique (Quintilien, III, 1, 8).
  2. Platon, Apol., p. 19, E.
  3. Ménon, p. 70, E ; Aristote, Polit., III, 2, p. 1275, B, 26. Les Thessaliens disaient γοργιάζειν pour ῥητορεύειν selon Philostrate, Epsit., p. 364 (Kayser).
  4. Isocrate, Antiodosis, 155.
  5. Pausanias, X, 18. Par ce goût pour les riches vêtements et la pompe extérieure, il rappelle son maître Empédocle.
  6. Cicéron, De Senectute, 5, 13.
  7. Sextus Empiricus, Adv. Mathem., VII, 65 et suiv.
  8. Probablement des recueils techniques de lieux communs. Aristote (Réfut. des Soph. 34, p. 183, B) et Cicéron (Brutus, 46) parlent des κοινοὶ τόποι de Gorgias. C’est ce que Denys d’Halicarnasse (voir plus bas) appelle les τέχναι de Gorgias. Cf. Satyros, dans Diogène Laërce (VIII, 58 : τένην ἀπολελοιπότα). Il ne semble pas qu’il eût laissé de traité proprement dit.