comédie, et se, donnait avec d’autant plus d’ardeur à son passe-temps favori. Au point de vue moral, elle fut loin d’y gagner : le scepticisme sophistique donna sans contredit à l’immoralité naturelle de quelques-uns d’entre ces jeunes gens une tranquillité audacieuse et cynique qui est comme la marque de ce temps et de cette société ; devant ces beaux esprits désabusés, les hommes les plus honnêtes et les plus intelligents en venaient à ne plus guère oser parler naïvement du bien et du mal moral ; chez Thucydide, un personnage comme Diodote défend la thèse la plus noble par des raisons tirées du seul intérêt, et les Athéniens opposent aux raisons religieuses des Méliens des arguments où l’on ne trouve que la proclamation impudente du droit de la force. Nous ne dirons pas que la sophistique ait ruiné les mœurs d’Athènes, parce qu’une doctrine, quelle qu’elle soit, surtout quand elle reste à peu près enfermée dans une aristocratie, ne ruine pas en vingt ans les mœurs d’un peuple ; mais elle leur a certainement fait du mal. En revanche, elle a singulièrement assoupli et mûri les intelligences : la littératures qui est sortie de cette période est toute différente de celle qui précède ; pour s’en rendre compte, il suffit de comparer Hérodote et Thucydide. En ce qui concerne l’éloquence en particulier, l’art des rhéteurs l’a fait tout d’un coup passer de l’état d’improvisation à celui d’une composition littéraire et savante.
Le nombre des sophistes, dès les temps de la guerre du Péloponnèse, fut assez considérable. Les dialogues de Platon ont conservé les noms de plusieurs d’entre eux. Mais la plupart restèrent au second plan et ne méritent pas de nous arrêter[1]. Ce qui importe, c’est de démêler le rôle des véritables fondateurs de la rhéto-
- ↑ Rappelons seulement en passant Euthydème, qui donne son nom à un dialogue platonicien, et son frère Dionysodore.