vraie[1]. Sur quelques points secondaires, leur défense est juste. Il est certain, par exemple, qu’on ne doit pas reprocher aux sophistes de s’être fait payer : c’était la sans doute une nouveauté, par conséquent une occasion de scandale ; mais cette coutume pouvait se justifier. On ne doit pas plus les accuser d’avoir été ce qui s’appelle de malhonnêtes gens. Grote a raison de dire que Platon lui-même ne présente ni Protagoras, ni Gorgias comme des hommes indignes de considération. Mais ce sont la des questions peu importantes. Le vrai problème est de savoir ce que valait en soi leur doctrine, théoriquement et pratiquement.
Ils n’ont pas nié la morale, dit-on ; ils l’ont simplement séparée, de la rhétorique ; ils ont distingué la forme du fond ; plusieurs d’entre eux ont parlé de la morale en termes admirables, témoin Prodicos, dont le récit relatif à Héraclès entre le vice et la vertu est devenu classique grâce à Xénophon. Ils ne sont pas davantage les ennemis de la science ; ils sont seulement les adversaires d’une vaine métaphysique condamnée par Socrate lui-même, et les défenseurs des idées vulgaires contre les paradoxes platoniciens.
Il est difficile, à vrai dire, de juger les sophistes sur leurs opinions particulières, car on y trouve le pour et le contre, le oui et le non presque sur tous sujets. À côté de Prodicos, on trouve Calliclès ; à côté de ceux qui défendent les opinions vulgaires, il y a ceux qui opposent à la loi des cités la loi de la nature, comme Hippias[2] ou Calliclès[3], ou qui soutiennent, comme Alcidamas[4], la fraternité internationale et l’injustice