nombre de ses apophtegmes ont été conservés. C’est plutôt peut-être que la forme chez lui ne valait pas tout à fait le fond dans ses discours proprement dits : il avait probablement moins de style que d’argumentation et d’esprit ; il était plutôt homme d’affaires qu’artiste, plutôt politique aussi que philosophe ; homme d’État avant tout, orateur par surcroît et sans y songer.
Périclès (494-429), de près de quarante ans plus jeune, représentant d’une autre génération, est beaucoup plus philosophe, plus dialecticien et plus artiste. On cite d’abord, parmi ses maîtres, deux musiciens, Damon et Pytholide[1] mais ceux-ci ne furent pas simplement pour lui, dit-on, des maîtres de flûte ou de cithare. Damon surtout, qui resta en relations étroites avec Périclès jusqu’à la fin de sa vie[2], paraît avoir été un esprit élevé, capable de discuter avec lui sur les plus hautes parties de l’art, et l’on attribuait à ce personnage une influence considérable sur la politique même du grand homme d’État[3]. L’amitié de Périclès pour Anaxagore est encore plus célèbre ; tous les témoignages, depuis Platon, s’accordent à proclamer qu’elle eut sur la formation de son esprit l’action la plus décisive[4]. Sa pensée, naturellement haute, prit de plus en plus, dans ce commerce, l’habitude et le goût de s’élever au-dessus du détail contingent pour atteindre, en toutes choses, a l’universel et au permanent. Affranchi
- ↑ Platon, Protagoras, 316, E ; Alcibiade, I, 118, C ; Lachès, 180, D. Cf. Aristote, dans Plutarque, Périclès, 4.
- ↑ Alcibiade, loc. cit.
- ↑ Plutarque, loc. cit. Il ne faut cependant que prendre trop à la lettre le mot de Platon (Protag., loc. cit.) répété par Plutarque, à savoir que ces musiciens étaient de véritables sophistes cachant leur science sous l’apparence de la musique. Ce n’est là qu’une métaphore ingénieuse.
- ↑ Platon, Phèdre, 270, A ; Cicéron, Brutus, 11, 6 ; Plutarque, Périclès, 4 et 6.