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lait le Pnyx. La séance commençait par une cérémonie lustrale (les περίστια) après laquelle le héraut prononçait une formule d’imprécations contre ceux qui apporteraient à la tribune un opinion vénale[1]. On lisait ensuite le décret du Conseil (προβούλευμα), qui convoquait le peuple et qui, dans certaines affaires, lui soumettait un projet. Un vote préalable (προχειροτονία) décidait si le projet devait être admis sans discussion. C’était évidemment le cas pour beaucoup d’affaires peu importantes. Si la chose en valait la peine. La discussion s’ouvrait. «Qui veut parler ? » disait le héraut[2]. Tous les membres de l’assemblée avaient le droit de prendre la parole. Aucune restriction n’était tirée soit de l’âge, soit de la fortune, soit du rang social. Des jeunes gens de vingt ans[3], des hommes de condition médiocre (un charcutier ou un marchand de lampe) pouvaient haranguer le peuple. Légalement, il n’y avait pas d’orateurs attitrés. Si l’orateur plaisait, on l’applaudissait. Si son langage choquait l’auditoire, celui-ci faisait du bruit. L’assemblée devait être souvent houleuse, car dans les discours il est sans cesse question des θορυβοῦντες[4]. Les orateurs écoutés étaient les maîtres d’Athènes. Aux satisfactions d’orgueil ou d’ambition, ils ajoutaient de grands profits pécuniaires. Les partis, les cités étrangères, les rois, les riches particuliers dont ils devaient défendre la cause devant l’assemblée n'étaient pas ingrats. Avec de l’argent, suivant l’auteur du petit traité De la République athé-

  1. Démosthène, Ambassade, 70-71.
  2. Τίς ἀγορεύειν βούλεται. — Voir dans Aristophane, Fêtes de Déméter (372-389), la parodie de tout ce cérémonial. Sur le Τίς ἀγορεύειν βούλεται cet appel de la patrie elle-même à tous ses enfants, voir le célèbre passage de Démosthène, Couronne, 170.
  3. Xénophon, Mémor., III, 6, 1. Cf Aristophane, Acharn, 680. Suivant Eschine, C. Ctésiph., 4, l’ancienne formule solonienne était : Τίς ἀγορεύειν βούλεται τῶν ὑπὲρ πεντήκοντα ἔτη γεγονότων καὶ πάλιν ἐν μέρει τῶν ἄλλων Ἀθηναίων mais le progrès de la démocratie avait changé tout cela.
  4. Voir notamment Eschine, loc. cit.