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minutieusement toutes les précautions à prendre dans une ville assiégée. Il étudie toutes les sortes de stratagèmes qu'il s’agit ou de pratiquer ou de déjouer. À l’appui de ses préceptes, qui révèlent un fort habile homme, il donne de nombreux exemples empruntés à l’histoire contemporaine. On voit qu’il a lu Thucydide et l’Anabase de Xénophon ; il les cite en deux endroits, presque textuellement. Ces exemples variés et précis, ces conseils brefs, judicieux, pleins de finesse, forment une ensemble beaucoup plus intéressant pour les profanes qu’on ne serait tenté de le croire au premier abord. L’auteur, quoique Arcadien (si c’est bien d’Énée de Stymphale qu’il s’agit), écrit en dialecte attique. Cela seul indique un homme cultivé. Ses citations de Thucydide et de Xénophon, et plus encore la netteté très distinguée de tout le livre, confirment cette première idée. Il écrivait probablement un peu après 360, si l’on enjuge par les plus récents des faits qu’il rappelle.

Quel queque soit le mérite de plusieurs des écrivains étudiés dans ceîchapitre, on peut dire qu’ils sont en dehors du grand courant littéraire de leur temps ; car ils ont ignoré la rhétorique ; ils ont passé à côté d’elle sans la voir, écrivant plutôt selon leur instinct qu’avec l’intention précise de faire œuvre d’artistes. Nous allons maintenant revenir aux socratiques, aux orateurs, aux historiens éloquents, c’est-à-dire à tous ceux qui ont ou suivi les règles, de l’art nouveau, ou perfectionné cet art ou même combattu ses prétentions, mais au nom d’un idéal déterminé en partie par ce contraste même.