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IV

Rappelons, enfin, très brièvement, trois autres écrivains, Ion de Chios, Critias et Énée le tacticien, qui ne rentrent dans aucune des catégories précédentes, et qui sont plutôt soit des polygraphes, soit des spécialistes.

Il la déjà été question plus haut d’Ion de Chios et de Critias, poètes au moins autant que prosateurs[1]. Nous n’avons donc pas à revenir sur leur biographie ni sur l’ensemble de leurs œuvres. Il s’agit seulement ici de fixer en passant, dans la série des œuvres en prose, la place qui revient aux Souvenirs (Ὑπομνήματα[2]) et aux Triades (Τριαγμοί) du premier, aux Πολιτεῖαι du second.

Des Souvenirs d’Ion de Chios, il nous reste surtout une jolie page relative à Sophocle[3]. Ce sont d’aimables réminiscences, des anecdotes où s’exprime une douce bonhomie, dans une prose ionienne un peu nonchalante et d’un gracieux effet. Cela n’a rien de commun avec l’art des Antiphon et des Thucydide. — Quant aux Τριαγμοί, c’était un traité sur l’origine des choses, à la manière des anciens philosophes. L’originalité d’Ion, qui devait d’ailleurs beaucoup à Pythagore et à Empédocle, consistait surtout à reconnaître trois éléments, ni plus ni moins[4]. Il ne nous reste que quelques mots de cet ouvrage.

  1. Cf. t. III, p. 362, 370, 652.
  2. Ce livre s’appelait aussi Ἐπιδημίαι.
  3. Fragm. historic. (Müller-Didot), t. II, p. 46. Cf. Allègre, de Ione Chio (thèse), p. 79. Cf. aussi, dans Plutarque, Cimon, ch. iv, l’analyse d’une anecdote d’Ion relative à Cimon. — Ion de Chios avait écrit en outre une Χίου κτίσις. Ce titre rappelle ceux des anciens logographes.
  4. Isocrate, Antidos, 268. Cf. Allègre, p. 83 et suiv.