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pas qu’on parle du sec et de l’humide, mais il invoque sans cesse l’acerbe et l’insipide. Il raisonne sur des faits complexes et mal analysés avec une candeur intrépide, qui ne se doute même pas des difficultés. Il ne faut pas lui en faire un reproche ; Hippocrate fut un homme de génie, et un homme d’un grand bon sens. Mais il est intéressant et nécessaire de noter ces fautes inévitables de la science commençante, pour mieux comprendre la nature de l’esprit humain en général et la place exacte occupée par Hippocrate dans l’histoire de la pensée ; n’oublions pas que c’est un contemporain de Thucydide, de Socrate et de Démocrite.


III

Nous rangerons ici divers historiens qui, bien que postérieurs à Thucydide, n’appartiennent pas à la tradition de l’histoire contemporaine et positive, avant tout politique et militaire. Ce sont, à beaucoup d’égards, des logographes attardés. Le premier est Ctésias, narrateur peu véridique des merveilles de l’Orient ; les autres sont d’assez secs annalistes, utiles, mais peu intéressants, qui ont inauguré ou plutôt continué le genre des Atthides, c’est-à-dire des chroniques relatives à l’histoire athénienne.

Ctésias naquit à Cnide, en Carie, dans la seconde moitié du ve siècle[1]. Il appartenait à la confrérie des Asclépiades, qui pratiquaient la médecine[2]. Les Asclé-

  1. Sur Ctésias, cf. Diodore de Sicile, II, 32 ; Suidas  ; etc. Textes réunis dans C. Müller, Clesiæ reliquiæ (à la suite de l’Hérodote-Didot), notice, p. 1).
  2. Galien, t. V, p. 652, l. 51 (éd. de Bâle). Galien fait de Ctésias un parent d’Hippocrate, en sa qualité d’Asclépiade probablement. Mais nous avons dit plus haut que ce nom est celui d’une confrérie plutôt que d’une race.